Quelque 27 000 travailleurs issus d'une cinquantaine d'entreprises ont battu le pavé hier à Rouiba. C'est vraiment dans «les règles de l'art» que les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba ont tenu dans la matinée d'hier à faire part de leurs doléances à travers une manifestation purement pacifique. Celle-ci a porté sur l'organisation d'une marche sur un itinéraire de 4 km environ. Les organisateurs de cette action dite de protestation, notamment le secrétaire de la section syndicale de la société de fabrication de meubles scolaires (Mobsco) M.Taleb Brahim, parlent d'une adhésion massive des travailleurs à cette action visant à faire valoir toute une série de revendications. «Quelque 27000 travailleurs issus d'une cinquantaine d'entreprises, versées dans diverses activités industrielles, ont été mobilisés pour prendre part à la marche d'aujourd'hui (hier, Ndlr)», notera en effet M.Taleb. La section syndicale dont il est SG dépend de la Fédération du bois et bâtiment relevant de l'Ugta. Il est d'ailleurs utile de souligner que l'ensemble des sections syndicales représentant les travailleurs ayant battu le pavé hier à Rouïba sont toutes affiliées à l'Ugta. En outre, il se trouve que la section syndicale a été avisée préalablement de la tenue de cette action, et ce, à travers une correspondance à laquelle était jointe également la plate-forme de revendications des travailleurs. Des revendications qui, à en croire M.Taleb, sont axées entre autres sur la sempiternelle question de l'augmentation des salaires dans l'objectif, expliquera notre interlocuteur «d'améliorer un tant soit peu le pouvoir d'achat des ouvriers». A travers la marche tenue hier à Rouïba, les travailleurs de la zone industrielle la plus importante d'Algérie avaient également comme objectif de dénoncer le «mépris des responsables gestionnaires» qui n'ont pas selon eux, le moindre respect à leur égard. Pis encore, à se fier aux propos de M.Taleb, «ces responsables ne sont animés que par la volonté de ruiner l'entreprise qu'ils continuent de gérer alors qu'ils sont comptés parmi les rangs des retraités». De plus, les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba remettent en cause en outre par ce biais, la politique de la privatisation des entreprises, engagée par les pouvoirs publics et qui s'apparente à leurs yeux à un «un véritable bradage et rien de plus». En réalité, les participants à la marche, organisée hier, ont émis des appréhensions par rapport au maintien de l'effectif dans le cas où leurs entreprises respectives seraient entre les mains du privé. En un mot, les travailleurs de la zone industrielle attendent de voir leurs salaires faire l'objet d'une augmentation de la part des pouvoirs publics et réclament le départ des responsables «incapables» selon eux, de maintenir un meilleur rythme de production au sein de leurs entreprises respectives. Dans le cas où ces revendications ne seront pas prises en charge par les pouvoirs publics, les travailleurs menacent d'ores et déjà de revenir à la charge, et ce via l'organisation d'autres actions de protestation, mais sans aller jusqu'au mouvement de débrayage.