Le forum d'El Moudjahid a organisé une conférence autour d'un thème qui revient avec force ces derniers temps sur la scène politique internationale et régionale. L'intitulé de la conférence est plus qu'édifiant, il fait référence au Mouvement panafricain et son parcours riche en luttes et en résistance contre toutes les formes de domination, le colonialisme et l'impérialisme. Le panafricanisme s'identifie d'une manière systématique au rôle libérateur de l'Algérie et sa place prépondérante dans les indépendances de beaucoup de pays africains. Les invités à la conférence connaissent bien ce que l'Afrique avait subi comme massacres, pillages et destructions. Il s'agit de dirigeants et hommes d'Etat africains, l'ancien président du Mozambique, Joaquim Alberto Chissano, et l'ancien ministre sénégalais, Abdoulay Bathily. Les deux personnalités politiques ont rappelé le long combat des pays africains pour leurs indépendances et pour le recouvrement de leurs souverainetés. Ils ont aussi fait allusion au rôle déterminant de l'Algérie dans la mise en oeuvre de la doctrine du panafricanisme comme outil de lutte et de combat contre le colonialisme et l'impérialisme dans le continent africain. L'ancien président du Mozambique a souligné dans ce sens que «la date du 1er novembre 1954 est chargée de symbolisme non seulement pour l'Algérie, mais aussi pour l'Afrique et pour le monde entier, et que cette date continuera a inspirer les nouvelles générations», a mentionné Joaquim Alberto Chissano. Il a affirmé que la révolution algérienne de Novembre 1954 a servi comme une flamme pour les pays de l'Afrique qui étaient en quête d'une poussée révolutionnaire pour qu'elle puisse se débarrasser du joug du colonialisme et sa politique de pillage et de destruction de l'Afrique en général. Ce n'est pas pour rien que cet ancien président du Mozambique fait l'éloge de la révolution algérienne et la politique de l'Algérie après l'indépendance en soutenant les pays africains dans le cadre de leur libération du colonialisme. Dans ce registre, Joaquim Alberto Chissano a rappelé que «le 1er novembre est un évènement fondateur du processus de libération du continent africain et qu'il a contribué à l'éveil de notre conscience politique. Les Africains sont très reconnaissants et fiers de ces héros algériens qui ont montré à l'Afrique la voie à suivre pour se libérer du colonialisme», et d'ajouter «l'Algérie, encore jeune Etat indépendant à peine sorti d'une lutte armée, n'a pas hésité à nous apporter son aide et à nous accompagner dans notre aspiration à la liberté», a indiqué l'ancien président du Mozambique. Ce témoignage concret d'un acteur et d'une personnalité politique qui n'est pas des moindres au niveau du continent africain se fait confirmer encore davantage par les déclarations de l'ancien ministre sénégalais, Abdoulaye Bathily,qui a fait un exposé démontrant la portée de la révolution algérienne non pas au niveau de l'Afrique, mais au plan international, où la politique coloniale commençait à se rétrécir et la France était contrainte de revoir sa méthode et de se réadapter grâce à la révolution algérienne qui a imposé une nouvelle conception permettant à l'Afrique de se doter d'une arme s'inspirant de l'Algérie pour se libérer et arracher son indépendance. Dans ce sillage, Abdoulaye Bathily a souligné que «au-delà de la sphère des colonies françaises, le 1er novembre a constitué un basculement dans le rapport des forces entre colonisateurs et colonisés et a exercé une telle pression sur la France qu'elle s'est trouvée dans l'obligation de se réadapter, pour ne pas tout perdre», et d'ajouter: «Le modèle de négociations mené à Evian a exercé une influence très importante sur le processus de décolonisation en Afrique», a-t-il expliqué. Quant au rôle de l'Algérie dans le renforcement et la consolidation de l'unité africaine et de son développement, l'ancien président du Mozambique, Joaquim Alberto Chissano a réaffirmé le rôle de l'Algérie en précisant que «l'Algérie a toujours été attachée à l'unité africaine et à la promotion et la protection des intérêts africains dans le monde et que la diplomatie algérienne a été très active sur la scène internationale», a-t-il souligné. La même démarche a été exprimée par l'ancien ministre sénégalais, Abdoulaye Bathily, qui a rappelé le mérite de l'Algérie dans l'accélération du processus de l'unité africaine. À ce propos, il a rappelé que les enjeux que traverse l'Afrique, aujourd'hui, sont différents par rapport aux années précédentes. Il a souligné que «les contextes de lutte d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui et il faudrait donc de nouvelles armes pour consolider cette unité africaine», a-t-il rappelé. Le panafricanisme est plus que jamais intact et omniprésent, il y va de l'existence de l'Afrique, de sa souveraineté et de son indépendance. L'Afrique est face à un défi et un enjeu crucial, celui du développement économique autonome et débarrassé de la dépendance coloniale et ses desiderata. Tel est le sens que l'Algérie et ses alliés africains veulent donner à la notion de panafricanisme.