Cette fois, le scandale financier touche une entreprise publique. A la suite d'une plainte déposée par l'actuel P-DG de l'entreprise nationale des industries électroniques de Sidi Bel Abbès, le procureur de la République près le tribunal de la ville a ouvert une enquête portant sur un détournement de près de 20 milliards de centimes, remontant à la période s'étalant entre l'année 1996 et l'année 1999. Après que l'entreprise a tenté en vain de récupérer son dû, elle a dû se résoudre à porter l'affaire devant la justice, seule à même de pouvoir utiliser la force publique pour obliger les débiteurs, et ils sont nombreux, à s'acquitter de leurs dettes accumulées vis-à-vis d'une entreprise, considérée il n'y a pas longtemps encore comme un fleuron de l'industrie nationale. L'affaire, rapportée par plusieurs titres de la presse nationale, met en scène la complicité tissée à tous les niveaux, puisque sont impliqués des cadres de l'Enie, dont l'ancien DG, ainsi qu'un député, deux avocats et de nombreux commerçants répartis à travers plusieurs wilayas du pays. En tout cas, les citoyens de Sidi Bel Abbès, ainsi que les employés de l'entreprise Enie, ne parlent que de cette affaire, qui est ancienne et sent le soufre. A la suite de cette plainte et des développements judiciaires auxquels elle a donné lieu, le procureur de la République a ordonné l'ouverture d'une enquête. Le magistrat qui instruit cette affaire a commencé l'audition des accusés et des témoins, qui sont des dizaines, à l'effet de faire toute la lumière sur une affaire portant sur l'abus de biens sociaux, le détournement de deniers publics, la mauvaise gestion, sans compter les actes de négligence qui ont provoqué la destruction de documents administratifs d'une extrême importance. Le détournement a pu avoir lieu à la faveur de transactions portant sur des quantités importantes de matériels électroniques, par l'utilisation de documents falsifiés. C'est l'actuel P-DG de l'entreprise qui a découvert le pot aux roses en épluchant les registres de la comptabilité et qui a commencé par mener une enquête interne avant de se résoudre à faire appel à l'appareil judiciaire. De telles quantités d'appareils électroniques et de telles sommes n'ont pu être détournées que grâce à la loi du silence et à la complicité de plusieurs cadres gestionnaires. A l'extérieur de l'entreprise, ce sont surtout les deux avocats et un huissier de justice qui ont fait main basse et détruit des documents portant sur des décisions de justice ordonnant aux clients de l'Enie de s'acquitter des créances que l'Enie détenait sur eux à la suite de transactions portant sur l'achat de produits électroniques. Alors même que la brigade de gendarmerie, dans ses procès-verbaux a fait ressortir les difficultés qu'elle a rencontrées à boucler cette enquête, du fait des noms imaginaires portés sur les factures et les fausses adresses. C'est-à-dire que comme toujours, dans ce genre d'affaires portant sur des détournements, la même technique de faux et usage de faux est utilisée afin de tromper les enquêteurs avant de disparaître dans la nature. Mais ici en l'occurrence, le rôle joué par les comparses, mais aussi les complices ressort nettement. A l'heure qu'il est, il semble que les services chargés de l'enquête soient encore en train de remonter la piste d'un réseau qui n'a pas livré tous ses secrets, laissant supposer que le cerveau de toute cette affaire n'est pas encore identifié, alors même que les ramifications peuvent s'étendre au-delà de la wilaya de Sidi Bel Abbès. L'affaire de l'Enie de Sidi Bel Abbès est donc à ajouter à la longue liste des scandales de détournement qui touchent de nombreuses institutions, entre autres des banques et des établissements financiers.