Les résultats définitifs des élections locales du 27 novembre dernier ont scellé le sort de l'islam politique en Algérie. Les partis de cette mouvance ont subi un échec cuisant. Nul n'attendait que les résultats obtenus par lesdits partis seraient à ce point faibles. Certes, la prestation lors des élections législatives n'était pas un exploit pour cette mouvance, mais les locales ont montré que les partis islamistes ont beaucoup perdu en popularité. Quelles sont les causes de cette débâcle sans précédent? S'agit-il d'un sursaut de conscience ou juste une question de nuance? Les Algériens ont suivi de près l'évolution des partis islamistes durant leur parcours politique depuis l'ouverture démocratique d'octobre à nos jours. La chose la plus remarquable dans ce parcours, c'est bien l'entrisme et le double discours qui ont sous-tendu une approche «participationniste», sans vraiment une opinion publique qui a fini par découvrir la vacuité des convictions moralisatrices affichées par les leaders de la famille islamiste. Laquelle a laissé, au fil des élections, poindre son «péché mignon» qui n'est autre qu'une recherche du pouvoir. Pour ce faire, les chefs de la mouvance ont souvent eu recours à une attitude «adaptative» dans la formulation de leurs propositions politiques. Ils ont tiré beaucoup de privilèges émanant de leur participation dans les rouages de l'Etat, mais aussi leur projet théocratique visant la mise en place d'un Etat fondé sur «la chari'a». Un double objectif qui marque la contradiction des élites islamistes. Elles ont fini par perdre le soutien des électeurs et le «respect» de ceux qui leur ont mis le pied à l'étrier. Mais il faut dire que pendant un temps, cette duplicité leur a permis d'exister et d'avoir de l'«aura» sur l'échiquier politique national. Mais, comme cette mouvance ne sied pas à une logique politique claire et homogène, elle recourt souvent à la politique de l'autruche, c'est-à-dire une politique opportuniste où le langage n'est jamais clair. Le MSP et le FJD, principaux phares de la mouvance intégriste en Algérie, ont de tout temps cultivé l'amalgame à propos de leur projet de société. Ils se disent nationalistes quand la tendance est au nationalisme, et islamistes lorsque la montée des mouvements islamistes dans le Monde arabe se fait sentir. Ils font de la politique dans le cadre de la participation dans les gouvernements successifs juste pour se maintenir et profiter de la rente qui leur permet de préparer le contexte idoine pour déclencher leur offensive dans la perspective d'asseoir leur projet théocratique. Cette tactique s'est faite disloquer par les évolutions politiques dans le Monde arabe en général et en Algérie en particulier. Les partis islamistes qui étaient au sein du pouvoir pendant trois décennies, ont vite essayé de se désengager de leur responsabilité en voulant se positionner dans le camp de l'opposition «printaniste» qui a envahi la Tunisie, l'Egypte,la Libye et la Syrie. Une manière de surfer sur la vague des «printemps arabes» créés par les officines étrangères. Depuis, les partis islamistes en Algérie, n'ont pu avoir une place prépondérante sur l'échiquier politique national. La raison, c'est bien leur duplicité et opportunisme de changer facilement leur discours et leur tactique. C'est cette approche opportuniste que les Algériens viennent de disqualifier lors des dernières législatives et surtout lors des locales du 27 novembre dernier. Les élections locales ont permis de montrer le véritable poids des partis islamistes «participationnistes» dont la position reposait sur une tactique opportuniste loin des considérations relevant de l'éthique politique. Les partis islamistes paient leur position caractérisée par l'hypocrisie politique et le double langage. La nouvelle reconfiguration de la carte politique nationale sera constituée de forces traditionnelles dites nationalo-conservatrices en l'absence de la variante islamiste qui présentait son rôle aux Algériens comme étant une oeuvre de sauvegarde de la patrie, alors que la notion de la patrie n'est autre que la Oumma islamiya qui transcende les frontières nationales des Etats-nationaux. Ce qui est sûr,est le fait que les partis islamistes vivent un sale temps. Le temps du désenchantement.