Il veut se débarrasser de l'étiquette de «politique peu enclin à gérer les dossiers économiques». Le premier conseil du gouvernement de l'ère Belkhadem s'est tenu hier. Réduit à un seul point, à savoir un exposé de Abdelhamid Temmar sur le sujet de la privatisation des entreprises, l'ordre du jour de cette rencontre n'en informe pas moins sur les intentions d'un gouvernement dont on disait que ses priorités seraient éminemment politiques, à savoir les deux chantiers de la nouvelle Constitution et la réconciliation nationale. Mais force est de constater que Belkhadem donne un signe à la société sur sa volonté de toucher également aux aspects économique et social. Ainsi, avant le conseil d'hier, il a présidé une réunion interministérielle spécifiquement orientée sur les salaires des enseignants du supérieur. Il compte rencontrer le secrétaire général de l'Ugta pour tracer «la feuille de route» de la tripartite qu'il compte tenir dans les délais les plus brefs. Ce sont là autant d'indices qui témoignent de la volonté du nouveau locataire du Palais du gouvernement de se débarrasser de l'étiquette de «politique peu enclin à gérer les dossiers économiques». C'est dire donc qu'en plus de son «poids politique», Abdelaziz Belkhadem veut paraître aux yeux de l'opinion nationale comme l'homme de la situation présente. Les observateurs de la scène nationale s'attendent donc à une série de décisions d'ordre socio-économique, histoire de montrer que Belkhadem n'est pas à la tête d'un gouvernement spécialement mis en place pour assurer un troisième mandat au président de la République, mais bel et bien un Exécutif qui gérera tous les aspects de la vie des citoyens. Le fait que le premier conseil de gouvernement traite de la question des privatisations, montre en fait que Belkhadem entend, en un an, réaliser des acquis concrets sur des dossiers autres que la réconciliation nationale. Il est vrai, cependant que l'actuel chef de l'Exécutif arrive à un moment propice où tous les indicateurs virent au vert. Il lui sera donc aisé de tenir promesse sur la question des salaires notamment, avec l'espoir de voir que la relance de consommation des ménages puisse tirer vers le haut le rendement de l'appareil économique du pays. Un point sur lequel les experts du FLN misent beaucoup, mais auquel n'adhérait pas l'ancien chef de gouvernement qui, lui, misait sur une dynamique économique, seule garante de la relance de la croissance. La vision Ouyahia n'étant plus d'actualité, c'est celle de Belkhadem qu'on verra sur le terrain.