Les réserves de change algériennes devraient atteindre en 2010, selon les estimations du FMI, les 130 milliards de dollars. L'impressionnante richesse de son sous-sol, pétrole, gaz, mines de fer, etc., fait de l'Algérie un partenaire indispensable à l'ère de l'énergie rare, estiment les observateurs helvètes. Ces dernier loin de vouloir se laisser distancer par les Américains, Chinois et Français, vont tenter avec la signature aujourd'hui de trois accords bilatéraux à l'occasion de la présence en Algérie de Michele Calmy-Rey, vice-président de la Confédération helvétique, chef du département des Affaires étrangères, de placer leurs pions dans un pays appelé à devenir une puissance régionale de premier plan. Les trois accords portent sur la circulation des personnes, l'entraide judiciaire en matière pénale et la suppression de la double imposition. Ce dernier accord permettra de renforcer la portée de l'accord bilatéral sur la promotion et la protection réciproque des investissements. Un texte signé en novembre 2004, à l'occasion de la visite officielle à Berne du président Abdelaziz Bouteflika. Il est prévu, durant l'année 2006, selon la même source, la conclusion de deux accords de coopération entre la SOFI et l'Andi (institutions chargées de la promotion des investissements dans les deux pays) et entre l'Osec et Algex (organismes chargés de la promotion des exportations dans les deux pays). En parallèle, le chef de la diplomatie suisse s'entretiendra avec Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, ainsi qu'avec Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui l'avait accueilli à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. Néanmoins, l'intérêt qu'accorde la Suisse à l'Algérie est d'abord d'ordre économique, en dépit de la réticence des investisseurs helvètes. De plus, avec ses réserves d'hydrocarbures, l'Algérie entend désormais jouer un rôle stratégique majeur sur la scène régionale. Cependant, l'économique est souvent tributaire du politique. C'est pourquoi la Suisse a porté son choix sur l'Algérie pour organiser la conférence des ambassadeurs suisses en poste dans les pays du sud méditerranéen. Ce qui suppose une réévaluation de la politique suisse à l'égard de l'Algérie après la sourde oreille faite par les grandes banques suisses pendant la décennie noire. Même si le choix de l'Algérie s'est porté sur les banques américaines, françaises et allemandes, il n'en demeure pas moins que la Suisse peut intervenir dans d'autres domaines tels que la construction avec le projet du million de logements, les installations agricoles, notamment les systèmes d'irrigation, et l'arbitrage juridique d'autant que tout boom économique génère, forcément, des conflits devant être réglés par des tribunaux arbitraux. Or Genève est l'une des places principales de la planète dans ce domaine. Sur ce point, Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères et ancien président de la Cour internationale de La Haye, garde encore un réseau de connaissances au sein du barreau genevois, indispensables à tout règlement.