En sortant de prison, le détenu se retrouve dans un environnement qu'il ne reconnaît plus. Rejeté par la société, sa seule réaction reste le recours à la violence, au vol et à l'agression. Outrés par la vague de violence qui s'était abattue sur Oran après l'élargissement de plusieurs détenus qui avaient bénéficié de la dernière grâce présidentielle, d'anciens prisonniers, qui se sont réinsérés dans la société sont en train de réfléchir à l'idée de lancer une association qui aura pour mission d'assister le détenu dans sa réinsertion sociale. «En sortant de prison, le détenu se retrouve dans un environnement qu'il ne reconnaît plus. Rejeté par la société, sa seule réaction reste le recours à la violence, au vol et à l'agression», dira un ancien détenu. Ce dernier estime que ni la société ni le prisonnier ne sont responsables de cet état de fait. Ce sont les structures officielles qui se montrent défaillantes dans la plupart des cas. «Pour trouver un emploi, un repris de justice éprouve mille et une difficultés et rares sont ceux qui y parviennent», avouera-t-il. L'idée, actuellement encore au stade de la réflexion, consisterait à créer une structure où siégeraient des anciens détenus, des psychologues, des représentants du mouvement associatif, des représentants de l'administration ainsi que des journalistes. Elle aura pour tâche d'aider et d'assister les libérables bien avant leur élargissement. «Nous parlons le même langage que ces malheureux et nous savons comment nouer un dialogue avec eux pour les amener à parler et à s'ouvrir à la société pour réussir leur réinsertion. Nous pourrons les assister dans la recherche d'un poste d'emploi. Les 2 ou 3 mois qui précèdent leur libération seront considérés comme une période de probation qui permettra à l'administration pénitentiaire d'évaluer l'influence du séjour carcéral sur le libérable, tout comme elle nous permettra de guider ses premiers pas dans la société», fera remarquer notre interlocuteur. «La société évolue et quand un reclus retrouve la liberté, il perd tous les repères qu'il avait. Rejeté, sans emploi, montré du doigt, sa réaction ne pourra être que violence. Il faut observer les mines hagardes des prisonniers à leur sortie de prison. Seuls, ils ne tardent pas à être récupérés par la spirale de la délinquance et la violence. Nous avons vécu la dure expérience de la prison et celle encore plus dure du regard méprisant des autres. Nous voulons faire profiter de notre dure expérience ces jeunes égarés afin qu'ils ne plongent pas dans le cycle infernal», dira le promoteur de cette idée. Pour le moment, il a pris attache avec certains juristes, des journalistes, des psychologues, des chefs d'entreprises et avec d'anciens détenus et il n'attend qu'un signe des autorités compétentes pour rendre publics les grands axes de cette association, ses missions et ses objectifs. «J'ai été peiné par la vague de violence qui s'était abattue sur Oran. Il faut reconnaître qu'elle est l'oeuvre de jeunes qui ont été précipités, brutalement un jour dans un environnement qu'ils ont toujours considéré comme hostile. Nous pouvons atténuer le choc en balisant leur retour dans la société et en facilitant leur réinsertion», dira ce repris de justice rangé depuis et qui voudrait que la société aménage des ponts qui pourraient faciliter le retour à ses enfants égarés.