L'Expression: Après avoir subi un sérieux coup de frein en raison de la pandémie de Covid-19, les relations économiques et commerciales algéro-russes reprennent-elles des couleurs? Ivane Nalitch: Oui, effectivement, à part des secteurs traditionnels des échanges commerciaux entre les deux pays qui sont toujours en marche, cette année nous avons fait beaucoup de progrès dans notre coopération bilatérale par rapport à l'année précédente dans certains autres secteurs qui étaient moins développés avant. Selon les données officielles publiées par les douanes russes, les échanges entre nos deux pays pendant les 10 premiers mois de l'année 2021 ont enregistré un rebond de 25% par rapport à la même période de l'année 2020 pour atteindre 2,2 milliards de dollars US. Le flux d'échanges quant à lui se diversifie. En 2021 l'Algérie est devenue le premier pays en Afrique à enregistrer et à recevoir le vaccin Sputnik V. Selon notre information, le vaccin est toujours disponible en Algérie et les personnes non vaccinées jusque-là peuvent toujours l'avoir. En tout cas, la vaccination reste le meilleur moyen de réduire le risque de contamination grave par la Covid et de revenir à la vie normale dans les meilleurs délais. Selon la publication récente de l'institut Gamaleïa, les personnes ayant reçu trois doses du vaccin russe (Sputnik V comme vaccin principal, et le Sputnik Lignt pour le rappel) gardent l'activité neutralisante des anticorps contre le virus, y compris la variante Omicron. Ceci diminue considérablement le risque d'hospitalisation ou de décès ce qui fait du Sputnik un excellent outil de lutte contre la pandémie. Ainsi, nous espérons que le vaccin à dose unique Sputnik Light (qui peut servir de rappel non seulement de Sputnik V, mais aussi pour tout autre vaccin) sera prochainement admis en Algérie pour donner aux Algériens une meilleure protection contre la Covid, sachant qu'avec la nouvelle variante Omicron qui se propage très rapidement partout dans le monde, seule la vaccination complète avec le rappel peut être efficace. Beaucoup de progrès ont été faits dans le domaine du blé. Certaines dispositions du cahier des charges algérien relatif à l'achat du blé avaient été modifiées ce qui a mis tous les fournisseurs étrangers du blé dans les conditions égales et cela a permis au blé d'origine de la mer Noire d'accéder au marché algérien, y compris le blé russe. Ceci donne à l'Algérie plus de choix en termes de fournisseurs et lui permet d'optimiser sa facture d'importations. Il est opportun de rappeler que la Russie est le premier exportateur mondial de blé. Nous espérons que les fournisseurs russes seront actifs aux appels d'offres algériens ce qui, par ailleurs, permettra d'augmenter le volume des exportations du blé russe vers l'Algérie. ہ part le blé, les producteurs russes proposent à leurs partenaires algériens beaucoup d'autres produits relevant du secteur agricole (l'orge, les engrais, les aliments pour le bétail, le matériel agricole etc.) aussi bien que des équipements et des services pour différents secteurs comme les hydrocarbures, les mines et bien d'autres. Votre pays importe beaucoup de produits agricoles, mais pas beaucoup d'origine algérienne. Comment expliquez-vous cette «faiblesse»? Vos entreprises ne trouvent pas l'offre nécessaire ou alors cela est dû à la complexité des lois algériennes régissant le commerce à l' international? C'est vrai que la Russie importe de grandes quantités de fruits et de légumes. Par exemple en 2020, selon les données officielles publiées par les douanes russes, ses importations ont atteint quelque 5,6 milliards de dollars US pour les fruits et 1,7 milliard de dollars pour les légumes. Si on parle du continent africain, les importations russes ont atteint en 2020 environ 750 millions de dollars pour les fruits et 210 millions de dollars pour les légumes. Ce qui empêche l'accès des produits algériens au marché russe c'est tout d'abord la forte concurrence de la part de nos fournisseurs traditionnels, mais aussi les contraintes logistiques (manque de lignes directes, nécessité de transbordement de produits, problèmes de conditionnement etc.). Il faut aussi souligner que pour être présent sur le marché russe les exportateurs algériens doivent exposer leurs produits aux foires internationales qui se tiennent annuellement en Russie (notamment Prodexpo en février et World Food Moscow en septembre). Nous prêtons notre soutien aux organisations algériennes concernées et les exportateurs dans leurs démarches vis-à-vis du marché russe. La dixième réunion de la Commission intergouvernementale mixte algéro-russe devait avoir lieu cette année. Où en sont les préparatifs? Pour certaines causes la tenue de la Commission a été reportée à l'année 2022, mais les préparatifs sont en cours. Nous sommes en contact permanent avec des ministères concernés de l'Algérie et de la Russie. Nous espérons que cette réunion permettra de résoudre certains problèmes et booster ainsi la coopération. Il y a au moins 10 accords de coopération qui devaient être signés. Ils portent exactement sur quels secteurs d'activités? Ce serait mieux d'adresser cette question à l'ambassade de la Russie en Algérie qui s'occupe de ces accords et qui gère a priori la Commission mixte. La Représentation commerciale quant à elle est impliquée plutôt dans le travail opérationnel lié à la levée des barrières pour les produits russes, la communication avec des opérateurs économiques et des institutions des deux pays, la coordination des visites d'affaires, y compris pendant les salons internationaux etc. Y a-t-il des visites d'hommes d'affaires attendues en prévision de ce rendez-vous pour des opportunités d'investissements et des partenaires algériens? En général, des représentants des milieux d'affaires participent toujours aux réunions de la Commission mixte. Cette fois-ci certaines entreprises russes seront également présentes, mais leur liste n'a pas été encore fixée. En tout cas, je pense que les rencontres avec des entreprises algériennes seront fructueuses et utiles. Il est opportun de souligner, que la Représentation commerciale coordonne aussi des visites d'affaires en dehors de la Commission mixte. Nous avons organisé une dizaine de visites d'affaires en Algérie depuis septembre 2021, après la reprise des vols internationaux., principalement les secteurs Ces visites concernent les hydrocarbures, l'énergie et l'agroalimentaire. Mais à notre avis il y a d'autres domaines prometteurs pour la coopération bilatérale. En octobre dernier, des touristes russes se sont rendus au Sud algérien. D'autres groupes de touristes en prévision? L'Algérie possède un potentiel à développer dans le secteur touristique: le désert, les anciennes villes romaines, la richesse naturelle etc. Mais il y reste toujours beaucoup de choses à faire pour attirer les touristes étrangers en masse. ہ mon avis, de pareilles visites ont un caractère occasionnel. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'autres groupes de touristes russes prochainement, car pour nous, en général, l'Algérie reste toujours une destination mal connue, une destination de niche pour les passionnés du désert.