La Tunisie est l'hôte d'honneur de la 39e Foire internationale d'Alger. Plus qu'un hommage à ses compétences et à son allant économiques, au demeurant indéniables, cette invite est officiellement inscrite dans la dynamique de l'édification du Maghreb, même si l'UMA reste plongée dans un coma profond, inhérent au conflit du Sahara occidental. Les opérateurs tunisiens s'intéressent à notre pays, des investisseurs commencent à s'implanter dans certains créneaux et il y a effectivement un accroissement substantiel des échanges entre les deux économies. La Tunisie a fait le choix d'une production nationale très protégée et elle a de plus en plus de mal à préserver cette option, du fait de l'Accord d'association conclu avec l'Union européenne et surtout compte tenu des règles établies par l'Organisation mondiale du commerce qui fait de la levée des barrières douanières un leitmotiv dont les pays en développement doivent payer le prix. C'est dire que la Tunisie doit impérativement s'ouvrir en fonction des nouvelles opportunités et des marchés émergents qui peuvent lui permettre de prétendre à une coopération mutuellement bénéfique. L'Algérie est le tout premier et le plus intéressant des partenaires que convoitent les opérateurs tunisiens qui misent, entre autres secteurs, sur leur savoir-faire en matière de tourisme, d'hydraulique, de BTP ou de mise en valeur des terres. Cela pour le volet économique. Il se trouve qu'au plan politique, la Tunisie est un partenaire exemplaire et essentiel de l'Algérie. Nombreux sont les Algériens qui sous-estiment sinon minimisent la place et le rôle de ce pays par méconnaissance autant que par a priori. Le peuple algérien sait, globalement, que le peuple tunisien a été à ses côtés durant la guerre de Libération nationale et la commémoration annuelle des évènements de Sakiet Sidi Youcef contribue à entretenir, plus ou moins vaguement, la mémoire. Beaucoup ignorent, cependant, que le seul pays voisin qui a gardé ses frontières ouvertes pour tous les Algériens désireux de respirer une bouffée d'oxygène durant la décennie sanglante, malgré les appels des sirènes occidentales et en dépit de toutes les pressions et les menaces que les milieux islamistes ont exercées à son égard, ce fut encore et toujours la Tunisie. Les Algériens, peuple et dirigeants, doivent garder en mémoire cette générosité d'autant plus appréciable qu'elle a été d'une constance et d'une force exemplaires. Les problèmes particuliers qui caractérisent la situation interne du peuple frère tunisien sont une affaire interne qu'on peut déplorer, selon les cas, mais bien mal inspirés seront les donneurs de leçons. Comme l'Algérie, la Tunisie a vécu un temps la menace d'une dérive islamiste dont nul ne sait où elle aurait pu aboutir si la réponse n'avait pas été rapide et conséquente. Les envolées de certaines ONG qui prennent régulièrement à partie le régime du président Zine El Abidine Ben Ali sont aussi suspectes que celles consacrées à notre pays par les adeptes du «qui_tue_qui». Il faut donc les accueillir avec une grande circonspection. Car qui peut nier que la Tunisie connaît depuis des années une période de stabilité et de prospérité dont les Tunisiens sont majoritairement satisfaits? Le premier des droits de l'homme a trait, précisément, à cette satisfaction. En faisant de la Tunisie son hôte d'honneur, la 39e FIA exprime, indirectement, le sentiment de reconnaissance de l'Algérie qui, aujourd'hui, courtisée et visitée par tous les pays de la planète, y compris ceux qui, voici dix ans, lui témoignaient un ostracisme outrancier, accomplit un devoir de mémoire tout à fait symbolique mais ô combien significatif.