Constat n L'intransigeance marocaine sur la question du Sahara occidental, la décennie du terrorisme en Algérie et l'embargo international imposé à la Libye ont été des facteurs bloquants pour l'UMA. Des initiatives individuelles irresponsables ont fait le reste. Même si les profondes divergences d'ordre idéologique entre les cinq Etats de la région ont disparu à la faveur des profondes mutations survenues dans le monde à la fin des années 80, il n'en demeure pas moins que le blocage de l'édification de l'union maghrébine est éminemment politique et le volet économique n'est nullement à incriminer, estiment aujourd'hui les analystes. Plusieurs facteurs, hérités du passé ou survenus dans les années 90, retardent l'échéance de la concrétisation du vieux rêve. A commencer par la question du Sahara occidental. A première vue, ce conflit ne devrait pas constituer un frein aux efforts de rapprochement entre les Etats maghrébins, notamment entre l'Algérie et le Maroc. Le chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, dans une déclaration faite au cours de la semaine dernière à la Radio, a été on ne peut plus clair: «la question du Sahara était déjà posée au moment de la signature du traité de Marrakech et les chefs d'Etat ont convenu de laisser son traitement aux Nations -unies.» Cependant, le royaume Chérifien n'hésite pas à utiliser la question Sahraouie comme prétexte pour des revirements et des tergiversations qui ne font capoter toute tentative de relancer le processus de construction du Grand Maghreb. C'est ainsi que la volte-face marocaine sur l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui a constitué un coup fatal pour l'UMA. Pour rappel, les deux parties en conflit, le royaume du Maroc et le front Polisario, se sont engagés à respecter le plan de règlement des Nations-Unies qui prévoyait, comme ultime étape, une consultation populaire dans les territoires occupés. Le référendum devait se tenir en 1991. Contre toute attente, les autorités marocaines se rétractent et font de l'abandon par l'Algérie de sa position de principe de soutien au droit des Sahraouis à disposer d'eux-mêmes une condition sine qua non pour aller de l'avant dans le processus de l'édification maghrébine. En sus de cette intransigeance qui constitue le principal écueil pour l'UMA, d'autres considérations, toujours d'ordre politique, sont mises à l'index. La déferlante terroriste qui a ébranlé l'Algérie plus d'une décennie durant a eu des répercussions néfastes, notamment sur la libre circulation des personnes, en ce sens que dès qu'une menace terroriste est signalée en Tunisie, au Maroc, en Libye et même en Mauritanie, ce sont les frontières avec l'Algérie qui subissent le plus de restrictions. L'épisode des attentats de Marrakech en 1994, est, à ce propos, édifiant puisqu'ils ont eu comme conséquence immédiate l'institution d'un visa d'entrée pour les ressortissants algériens, une mesure à laquelle Alger n'a pas tardé à répliquer par la fermeture pure et simple de la frontière commune. Plus récemment encore, des restrictions pour les Algériens se rendant en Tunisie ont été signalées suite à un accrochage entre les forces de l'ordre de ce pays et un groupe terroriste à Tunis. La précarité de la situation a été aggravée par l'embargo international imposé à la Libye soupçonnée d'être derrière les attentats de Lockerbie. Des initiatives individuelles, à la limite de l'irresponsabilité, ont fait le reste. Ainsi, en 1998, le leader libyen court-circuite l'UMA en procédant à la création de la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo -sahariens) en tant que nouvelle union des Etats africains émergents. Quelques années plus tard, il franchit un nouveau pas en proposant la création d'une confédération touarègue, soit une menace directe pour l'intégrité territoriale de l'Algérie.