Alors que les politiques sont en pleine campagne pour la présidentielle, la question de l'antisémitisme est de nouveau relancée sur la scène politique française alors que la tension a atteint son paroxysme, ces derniers temps, au Proche-Orient. C'est le CRIJF (Conseil représentatif des institutions juives en France), une organisation juive pilotée par Israël qui lance la polémique, en rendant public le 1er décembre dernier un rapport, où elle a recensé quelque 330 actes antisémites qui auraient été commis en France entre le 9 septembre 2000 et le 20 novembre 2001 et ce, en conséquence de la seconde Intifadha et des attentats antiaméricains du 11 septembre. Des actes souvent non revendiqués et accentués par l'attaque au cocktail Molotov contre une classe de l'école privée juive à Créteil et des jets de pierres contre une synagogue. Actes antisémites qui ont provoqué une manifestation dénonçant la recrudescence des actes antijuifs à Sarcelles dimanche dernier, rassemblant plusieurs personnalités, parmi lesquelles figuraient des représentants de la communauté juive et des élus de la ville et de la région à leur tête, l'ancien ministre et premier adjoint au maire socialiste de la ville de Sarcelles, Dominique Strauss-Khan. Un ministre, qui revient de loin après les accusations de la justice dans l'affaire de la Mnef et qui, apparemment, est bien parti pour faire campagne pour le Parti socialiste dans les prochaines échéances électorales. Un soutien total à la cause juive, au moment où le PS et les Verts ont diplomatiquement refusé de participer à des manifestations propalestiniennes pour dénoncer les dépassements quotidiens de l'armée israélienne dans les territoires occupés. Cette «judéophobie qui a poussé Israël à dire que la France serait le pire des pays occidentaux en matière d'antisémitisme», a des objectifs purement électoraux. Le Parti socialiste, qui est financé et soutenu par des personnes proches du lobby juif, fait dans le deux poids, deux mesures. D'un côté, il soutient l'Etat d'Israël et ses actions anti-Hamas et d'un autre, il lâche Arafat et la cause palestinienne. Une vision politique, qui n'est pas partagée par la droite française et le président Jacques Chirac, qui ont une position beaucoup plus juste sur la question. Cette mobilisation antisémite, fortement puissante et soigneusement médiatisée, vise, en fait, à écarter du champ politique, la communauté arabe, maghrébine et surtout algérienne, considérée par les observateurs comme un électorat important, qui peut faire l'équilibre entre la gauche et la droite lors des prochaines élections. Sinon comment expliquer que chaque acte antisémite est toujours attribué aux banlieusards, que la Marseillaise sifflée lors du match France-Algérie soit considérée comme l'événement le plus triste chez les Français en 2001, alors que la plupart des supporters présents étaient de nationalité française et qui ont été mal intégrés et que la majorité des Maghrébins sont proBen Laden alors qu'en fait, cette sympathie est même partagée par certains Français. Tout porte à croire que la prochaine présidentielle se jouera entre la puissance du lobby juif et la mobilisation de la communauté maghrébine qui, visiblement, a porté chance au président Chirac qui est devenu plus populaire en France, mais aussi en Algérie et qui, selon les sondages, est présidentiable à 53% contre Lionel Jospin, dont le passage mouvementé à l'Université française de Ramallah où il fut accueilli avec des pierres, pèsera lourd dans son parcours politique.