L'expérience toute nouvelle de la presse privée fait peur aux autorités qui rongent leur frein. Hachemi Djiar, le tout nouveau ministre de la Communication, écarte l'idée d'ouverture de l'audiovisuel au capital privé. «Est-ce qu'on peut aujourd'hui livrer le secteur public au marché?», s'est-il encore interrogé. Il nuance sa réponse en indiquant qu'une ouverture du champ audiovisuel «doit être bien préparée», selon la dépêche de l'APS. Les journaux privés, par contre, ont rapporté que le verrouillage du champ médiatique est systématique. Il s'agit bien sûr du compte-rendu de la première rencontre du ministre avec les journalistes. Amar Saâdani, président de l'APN et membre du secrétariat de l'instance exécutive du FLN, considère que «malgré le grand saut réalisé par la presse écrite, l'audiovisuel reste fermé et la télévision publique n'est pas indépendante». Dans un coeur ouvert avec le quotidien El-Khabar, il estime que la liberté de la presse obéit au professionnalisme et aux moyens mis à sa disposition. Il est moins réticent que le ministre qui était -avant sa nomination à la tête de la Communication- un proche collaborateur du président de la République. Hors guillemets, on lit que Saâdani préconise l'ouverture du champ audiovisuel et qu'il s'oppose à l'emprisonnement de journalistes en recourant à l'amendement du code pénal. Les divergences d'appréciation entre les deux hommes et les institutions qu'ils représentent sont apparentes. Il est évident que lorsque le ministre aura présenté son projet d'amendement du code de l'information devant l'assemblée, il n'aura pas la tâche facile si l'ouverture n'est pas clairement prononcée dans le nouveau texte. Rappelons que deux anciens ministres du secteur, Hamraoui et Toumi, avaient présenté d'autres projets où l'ouverture de l'audiovisuel figurait en bonne place. Mais ces projets sont restés lettre morte. Les déclarations de l'actuel ministre expliquent le pourquoi du rejet des anciens projets. Le FLN a constitué des commissions qui planchent sur les amendements à apporter aux codes de l'information, de la publicité et de l'éthique. Le débat, dans les sous-groupes de ces commissions, bute sur l'écueil de l'audiovisuel. Il n'est pas encore tranché parce qu'il relève des intentions des autorités politiques. Comment comptent-elles appréhender le dossier? Il s'agit d'une décision politique. Dans l'immédiat, on ne sait qui tient la bonne formule. Djiar ou Saâdani? Le FLN ou le ministère de la Communication? L'expérience de la presse écrite fait peur. On veut mettre les balises avant de procéder à l'ouverture de l'audiovisuel. L'image fait plus mal que le texte. On le sait. Mais les images qu'on subit, via les satellites, font beaucoup plus mal parce qu'elles échappent au contrôle local. En même temps, qui est en mesure d'investir dans le créneau? Ceux qui sont dans le public ou les mécènes ou les deux à la fois? Le débat sur l'audiovisuel n'est qu'à son tout début.