L'augmentation des salaires et l'accélération de la relance de l'investissement sont vues d'un bon oeil par les organisations patronales. Le patronat à travers ses multiples organisations se dit quelque peu soulagé par l'avènement de Belkhadem à la tête de l'Exécutif en remplacement de Ouyahia pour donner un coup d'accélérateur aux dossiers restés pendants sous l'ère du chef de file du RND. M.Yousfi, le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens, qui se trouve à Genève pour prendre part au congrès de l'OIT (Organisation internationale du travail) tout comme les autres présidents des organisations patronales et l'état-major de l'Ugta qualifie de «logique» le fait que le président exerce l'une des prérogatives que lui confère la Constitution, à savoir le changement du chef du gouvernement. Un fait politique qui ne peut avoir que des répercussions «heureuses» sur «la feuille de route» contenant les objectifs à atteindre décidés en commun avec le gouvernement. Soit la mise en place «des conventions de branche pour l'augmentation des salaires» et le «partenariat pour l'élaboration du pacte économique et social» prévu pour la prochaine rentrée sociale. A l'intention prêtée au nouveau chef du gouvernement de donner un coup d'accélérateur aux actions gouvernementales, M.Yousfi affiche sa pleine satisfaction. Nous sommes heureux, dit-il, «d'aller vite avec des actions réfléchies et des positions arrêtées» pour la concrétisation d'un programme ambitieux de mise à niveau des entreprises publiques économiques «par une politique d'assainissement, la création de l'emploi et des richesses pour une croissance durable en assurant aux travailleurs un salaire décent par rapport à un pouvoir d'achat très bas». Toutes ces actions, conclut-il, ont accusé «un certain retard qu'il y a lieu de rattraper particulièrement dans le domaine des banques et du foncier». De son côté M.Keramane, le président du Forum National de l'économie que nous avons contacté à ce sujet, abonde dans le même sens en indiquant que son organisation a été parmi les premières à demander une augmentation salariale et ce depuis le mois de décembre dernier tout en soulignant que «cette question relevait des prérogatives du président de la République». La tripartite ne devait en principe, d'après notre interlocuteur, qu'entériner cette décision. M.Keramane trouve cette revendication légitime car, dit-il, «lorsque le gouvernement avait besoin d'argent on n'a pas hésité à faire des ponctions sur les salaires», allusion faite au geste impopulaire de Ouyahia qui avait puisé directement dans la poche des travailleurs pour assurer la gestion financière de la crise que traversait l'Algérie. L'augmentation des salaires aura, selon lui, des répercussions directes sur le cadre de vie des citoyens. Pour le président du FNE, «le pays n'est pas loin d'une explosion sociale» et dit-il, «on a peur que d'ici 2009 rien ne soit fait car l'équipe gouvernementale n'est pas aussi efficace que certains de ses éléments à l'image des ministres Ghoul et Benaïssa chargés respectivement des travaux publics et du développement rural qui sont sur le terrain et font avancer les choses concrètement, d'autres par contre n'hésitent pas à tenter de tromper le président avec des chiffres erronés». Pour ce qui est du départ de Ouyahia qu'il qualifie «de bon signe», M.Keramane dit ne pas être surpris car «l'informel avait pris des proportions énormes et la tripartite n'arrivait pas à décoller faute d'un consensus». Aujourd'hui, pense-t-il «l'espoir est permis pour une reprise réelle de l'économie dans le cadre de l'application du programme du président sous un rythme acceptable». Des correctifs doivent être apportés pour éviter les récentes mésaventures qu'ont connues des investisseurs étrangers qui ont donné une autre destination à leurs milliards de dollars faute d'une réelle politique d'encouragement à l'investissement étranger, explique-t-il. Prié de donner son appréciation sur le mode de gestion adopté par le successeur de Ouyahia, le patron du Forum national de l'économie a tenu à signaler que Belkhadem est un homme rassembleur et le fait qu'il s'est vite attelé à prendre en charge les préoccupations des citoyens et donné des signes forts en direction du monde du travail et en ce qui concerne l'économie montre bien qu'il est là pour donner un coup d'accélérateur à l'application du programme du président de la République.