Un prix Ali Maâchi a été institué par le président de la République, le 8 juin dernier, journée de l'artiste. Un ouvrage qui se veut un hommage à un artiste de talent et un devoir de mémoire envers un symbole d'une culture algérienne trop tôt disparu. Dans un ouvrage sorti aux éditions du ministère de la Culture, Amar Belkhodja, auteur, historien, chercheur et artiste, a voulu à travers cet écrit rappeler un nom, revisiter une mémoire, retracer un parcours et rendre hommage à un artiste de talent disparu trop jeune, lâchement assassiné par des sauvages qui ont voulu par ce geste signifier non seulement l'exécution d'«un militant de la résistance algérienne mais l'anéantissement d'un grand symbole qui incarne l'art musical, c'est-à-dire un symbole qui incarne l'un des aspects de la personnalité algérienne». Ali Maâchi est donc ce jeune marin, fougueux et bourré de talent, né à Tiaret en 1927 qui a, en peu de temps, beaucoup donné à son pays, pour sa liberté et la prospérité de son art et de sa culture. Son amour de la musique lui a été inspiré par les océans et il étudia les différents modes de cette discipline artistique à laquelle il se donna corps et âme, au même titre qu'à sa patrie qu'il a défendue de sa vie. Dès son retour à Tiaret, après des années passées à la marine, il fonde en 1953 une nouvelle troupe musico-théâtrale qu'il nomme Saffir Ettarab et qu'il dirigera avec brio. Cette troupe comprend des éléments de l'orchestre El Andaloussia qui lui aussi a eu de belles années de gloire à cette époque. La troupe de Maâchi chantera très souvent et à diverses occasions l'amour de la patrie, le sacrifice, l'amour, l'éloignement et célèbrera en présence de Ferhat Abbas en mars 1954, le XIe anniversaire du manifeste algérien. On reconnaît alors à Ali Maâchi de nombreux talents de parolier, compositeur, instrumentiste et interprète et sa troupe atteint une célébrité nationale de renom notamment avec des chants patriotiques et du terroir dont Angham El Djazaïr fut l'apogée. Son répertoire, partiellement enregistré à la radio algérienne comprend entre autres: Ziaret Sidi Khaled, Hadhak el youm fel achia, Y.chabba el hillal, Ouassit el goumri, Nedjma oua hlal, El oulef esseib, Terk ouahran, Ramdhan ya babour, et autres morceaux. Ali Maâchi chante la patrie avec amour et passion et enrichit le patrimoine musical algérien d'un répertoire empreint d'une originalité qui a fait sa singularité dans les années cinquante. Au déclenchement de la guerre de libération, les musiciens de la troupe Saffir Ettarab rangent leurs instruments pour prendre les armes. Les uns militant au sein des cellules urbaines du FLN, les autres rejoignant le maquis, certains devenus martyrs et tous guidés par l'amour de la patrie. Ces musiciens ont marqué l'histoire par un parcours brillant et courageux qui aura le mérite d'avoir marqué des générations entières. En rendant hommage à Ali Maâchi, lâchement assassiné un certain 8 juin 1958, en compagnie de Mohamed Djahlane et Djilali Bensotra, tous trois sauvagement et inhumainement pendus par les pieds en pleine place publique Carnot à Tiaret, Amar Belkhodja ne fait qu'un «devoir éminent de mémoire pour les générations montantes. Afin que nul n'oublie que des hommes et des femmes ont fait le sacrifice suprême pour nous libérer». Ce n'est donc que justice que d'attribuer cette journée mémorable à l'artiste algérien qui mérite attention, reconnaissance et dignité... O gens, quel est mon meilleur amour O gens, quel est mon grand amour. Si vous me le demandez De joie je vous répondrai C'est mon pays l'Algérie.