Depuis quelques années déjà et tous les 08 juin, les établissements culturels des contrées du pays célèbrent la journée nationale de l'artiste, une date qui symbolise l'assassinat par guillotine d'un dandy de la musique populaire, Ali Maâchi. Militant, ce beau gosse a été guillotiné par l'armée française sur la place publique de Tiaret sa ville natale, en 1958 à l'âge de 31 ans. Le Théâtre national algérien (TNA) particulièrement sensible à ce genre d'événement a fait un programme 100% hommage, aux artistes anciens, aux artistes qui ont trépassé et aux artistes tout court lors d'une cérémonie solennelle, une énième dans cet établissement qui a bouclé ce lundi, le festival international du théâtre professionnel.Et pour la énième fois en cette circonstance, les acteurs de la vie culturelle où qu'ils soient, remettent sur le tapis le fameux dossier du statut de l'artiste qui protége et assure une sécurité pour la famille du monde de l'art. L'an dernier, à la même période, Khalida Toumi la ministre de la Culture avait plaidé pour libérer l'expression intellectuelle et artistique " des entraves qui la brident, et de réformer les systèmes et les programmes pour favoriser l'éveil de l'esprit critique, sans lequel il ne saurait y avoir ni recherche ni créativité", a-t-elle soutenu en 2009. Elle avait ajouté que son département n'a pas ignoré la situation qu'endure l'artiste et qu'elle fera tout son possible pour lui restituer la place qu'il mérite. Cette année, Khalida Toumi est revenue sur ce dossier avec d'autres propos. Elle a affirmé sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale qu'en raison de l'inexistence d'un organisme clair et visible de la famille de l'artiste avec lequel la tutelle pourrait discuter pour savoir qui " est professionnel et qui est amateur, nous ne pouvons rien engager pour statuer sur le devenir juridique de l'artiste " a-t-elle dit. En revanche, cette fois-ci,c'est la ministre de la Culture qui a fait une proposition concrète en projetant de créer un Centre National des Arts et de la Culture, actuellement en discussion au gouvernement. Ce centre qui aura bien sûr son patron, aura la lourde charge de juger, de répertorier par catégorie et par secteur d'activité, les vrais artistes des artistes amateurs, qui selon les cas, bénéficieront d'une sécurité et d'un statut particulier. Les idées sont donc là, il faudra encore une fois, une volonté politique pour lutter contre la précarité d'une profession de plus en plus difficile dans un climat où sévit le clientélisme et les crises de tout bord. Autre réalisation, tout aussi symbolique, l'instauration un 08 juin 2004 par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika du "Prix Ali Maâchi". Selon le président de la République, ce trophée est " destiné à mettre en valeur ceux qui signeront, avec mérite, l'avenir culturel, intellectuel et créatif en Algérie". Ali Maâchi, jeune marin, né en 1927 à Tiaret a, en peu de temps, beaucoup donné à son pays, pour sa liberté et la prospérité de son art et de sa culture. Son amour de la musique lui a été inspiré par les océans. Il étudia les différents modes de cette discipline artistique à laquelle il se voua corps et âme. Dès son retour à Tiaret, après des années de navigation, il fonde en 1953 une troupe musico-théâtrale qu'il nomme Safir Ettarab qui comprend des éléments de l'orchestre El Andaloussia ayant eu, lui aussi, de belles années de gloire à cette époque. Son répertoire, partiellement enregistré à la Radio algérienne, comprend entre autres: Ziaret Sidi Khaled, Hadhak el youm fel achia, Y.chabba el hillal, Ouassit el goumri, Nedjma oua hlal, El Oulef esseib, Trek Ouahran, Ramdhan ya babour, etc. Au déclenchement de la guerre de Libération, les musiciens de la troupe Safir Ettarab rangent leurs instruments pour prendre les armes. La journée nationale de l'artiste est tout comme la journée de la femme, une occasion d'enrichir et de créer quelques symboles pas nécessairement vitaux pour la famille culturelle qui vit dans une précarité sans précédent.