Est-ce vraiment une bavure ce qui s'est passé, vendredi, sur une plage à Ghaza où une famille a été décimée par un raid israélien? Il fallut trois jours au Premier ministre israélien Ehud Olmert, pour trouver le temps de «regretter» par des larmes de crocodile «la mort de civils innocents», promettant de faire «toute la lumière» sur les conditions dans lesquelles le raid a été opéré dans la bande de Ghaza, vendredi, qui a décimé une famille de sept personnes, dont trois enfants avec pour seule survivante une fillette qui a miraculeusement échappé à la mort qui a frappé les siens. Les ‘'regrets'' de M.Olmert ne sont en fait qu'une clause de style face à la réaction de la communauté internationale. D'ailleurs, cynique, l'armée israélienne responsable du bombardement de la plage de Ghaza refuse pour le «moment» selon un général israélien «d'assumer» l'entière responsabilité du massacre, invoquant même la possibilité de «tirs palestiniens», car, n'est-ce pas, Tsahal ne tue pas les civils et comme tout Palestinien est un “terroriste” potentiel la suite coule de source. Certes, la «communauté internationale» a été émue par ce qui s'est passé vendredi sur une plage de Ghaza, -et surtout par le choc de cette fillette toute ensanglantée (elle a perdu sa famille) criant sa douleur- la France «déplorant» les bombardements et leur «caractère disproportionné», mais sans aller jusqu'à condamner Israël comme elle l'aurait fait si cela avait été le fait des jihadistes palestiniens. Le monde a sans doute été ému par la vision du drame de cette fillette palestinienne pleurant la perte de ses parents, mais ce qu'il faut retenir est qu'il n'y eu aucune condamnation d'Israël et ce sont encore les Palestiniens qui sont appelés «à la retenue». Washington a regretté samedi la mort de civils innocents palestiniens, mais, là aussi, pas de condamnation, le Département d'Etat américain s'efforçant même de justifier a posteriori cet acte inqualifiable. Dans un communiqué, Sean McCormack, porte-parole du Département d'Etat indique en effet -après avoir «regretté» la mort de «civils innocents»- «Nous prenons note du fait que le gouvernement israélien a publié des communiqués regrettant la mort de civils et que l'armée israélienne a lancé une enquête immédiate sur cet incident». Ainsi, pour les Etats-Unis l'assassinat de toute une famille palestinienne, n'est qu'un «incident», des dommages collatéraux sans doute regrettables mais inévitables dans la lutte contre un peuple dont le tort est de réclamer ses droits, M.McCormack soulignant lourdement par ailleurs «(...) Je dirai ce que j'ai déjà dit: Israël a le droit de se défendre». Même pantalonnade de la part du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui demande une «enquête approfondie» oubliant le sort qui a été réservé à la mission d'enquête de l'ONU en 2002 dans les massacres commis par l'armée israélienne à Jenine, ville de Cisjordanie -plus de 100 morts dans des raids contre des camps palestiniens- Israël ayant opposé son “veto” à l'entrée en Cisjordanie de la mission d'enquête internationale, conduite par l'ancien président finlandais, M.Ahtisaari. Aussi, le «trouble» de M.Annan comme l'indique son porte-parole, Stephane Dujavic ne doit pas prêter à conséquence, M.Dujavic indiquant «Le Secrétaire général est profondément troublé par la mort de civils, dont des femmes et des enfants, sur une plage de Ghaza ce matin, (dans une attaque vendredi) attribuée aux forces israéliennes, et appelle à une enquête approfondie». Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU ajoute que ce dernier «rappelle à toutes les parties concernées leurs obligations en vertu de la loi internationale d'éviter de mettre les civils en danger, tout en appelant à la plus grande retenue pour empêcher une nouvelle escalade et des effusions de sang». De quelle loi internationale parle donc Kofi Annan, lorsque Israël n'en reconnaît aucune et se permet même d'interdire à l'ONU d'enquêter dans les territoires occupés sur des meurtres et massacres que commet régulièrement l'armée d'occupation israélienne en Cisjordanie et à Ghaza. Le fait même qu'Israël ne s'est jamais plié au droit international est illustré par le rejet par le Premier ministre israélien du référendum que va organiser l'Autorité palestinienne et dont la finalité sera en fait la reconnaissance implicite d'Israël tout en donnant au président Abbas un blanc seing pour pouvoir négocier au nom du peuple, palestinien. Or, Ehud Olmert a estimée samedi à Londres que «le référendum est un jeu interne entre une faction et une autre. Il est sans signification (...) en ce qui concerne les chances de dialogue entre nous et les Palestiniens», Israël refuse systématiquement toute ouverture des Palestiniens ou des négociations directes avec eux pour trouver une issue au contentieux israélo-palestinien. Cette politique de prises de décisions unilatérales en dehors de tout cadre approprié -international et onusien particulièrement- suivie aujourd'hui par Ehud Olmert a été une constante chez Ariel Sharon et Benjamin Netanyahu notamment, alors que cette procédure -les décisions unilatérales- loin d'apporter la paix l'a éloignée en fait davantage.