Jeudi dernier, l'Algérie a célébré le 66ème anniversaire de création de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le 51ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Deux dates mémorables où, généralement, de grandes festivités sont organisées par l'Union syndicale, mais cette année et à l'instar des deux dernières,elle continue d'être portée «disparue» de la scène nationale. Certes, son secrétaire général, Salim Labatcha, s'est déplacé à Tizi Ouzou où il a visité la demeure du fondateur de l'UGTA, Aïssat Idir, au village Djemaâ Saharidj et a assisté à l'inauguration d'une statue à l'effigie du leader, mais l'événement est passé, il faut le dire, pratiquement inaperçu. Il est pourtant revenu, dans son discours, sur des thèmes importants dont les retombées économique et sociale difficiles de la crise sanitaire de la Covid-19, les dernières décisions prises par le président de la République, à l'exemple de la réduction des taxes sur certains produits, la reprise du foncier industriel et l'instauration d'une allocation chômage. Labatcha a plaidé pour la préservation et l'amélioration des salaires et a même exprimé la position de l'UGTA sur le projet de révision de la loi 90/14 régissant le droit à l'exercice syndical, affirmant que la Centrale syndicale est «d'accord sur l'esprit de l'amendement, mais pas sur le contenu». Les salaires, les prix des produits de large consommation ou encore l'assainissement de la scène syndicale sont des sujets d'actualité qui méritent débat et l'UGTA en sa qualité de première force syndicale du pays a le devoir de protéger le niveau de vie des salariés et de lutter pour le maintien du libre exercice syndical. Mais pour que sa lutte porte ses fruits, elle doit faire entendre sa voix, or, à l'occasion de la célébration de sa naissance, le jour où elle est le plus médiatisée, ses activités ont été inaudibles! Sa communication est-elle inopérante? Cela relève-t-il d'une mégarde ou de l'incompétence? Ou s'agit-il tout bonnement d'une nouvelle politique adoptée par l'UGTA qui, depuis la nomination de Salim Labatcha, semble éviter d'être sous les feux de la rampe. Le propos n'est pas de faire dans les fastes cérémonies et dépenser des sommes démesurées sur des célébrations, surtout pas en cette période de rigueur budgétaire, mais de faire entendre la voix d'une Union représentante de millions d'adhérents. Il fût un temps où l'UGTA était citée dans chaque mouvement de grève, chaque rassemblement, manifestation ou débat ayant des répercussions sur la vie sociale. Aujorud'hui, l'UGTA est en passe d'être appelée le syndicat aphone si ce n'est les dernières sorties médiatiques de son secrétaire général. L'organisation qui a été huée, critiquée et considérée comme appendice de l'ancien régime par ses propres enfants, a connu, elle aussi, son Hirak interne. Aujourd'hui, la Centrale qui demeure la première force syndicale du pays, doit être de tous les combats. Elle doit initier les débats, dénoncer les injustices, applaudir les bonnes décisions... Lorsque les pouvoirs publics ont décidé de réviser la règle du 51/49 régissant l'investissement étranger, l'UGTA n'avait pas donné son avis. Pourtant, une telle décision aurait dû avoir l'effet d'une révolution économique. Il y a quelques années, cette même UGTA formulait des propositions claires au gouvernement dont l'exigence du maintien de la loi sur le 51/49. Si l'organisation s'est finalement rendu compte que la règle du 49/51 constituait un obstacle à l'investissement et que sa révision cadrait mieux avec la nouvelle approche économique du pays basée sur une vision «gagnant-gagnant», il aurait été opportun pour les syndicalistes de mener une campagne médiatique pour défendre sa révision. Face à la cherté de la vie, la dégringolade du dinar, l'UGTA n'a pas exigé des augmentations de salaires, ni négocié avec le gouvernement. C'est le chef de l'Etat qui a décidé de baisser l'impôt sur le revenu global (IRG) et de réviser le point indiciaire à la hausse. Qu'a fait l'UGTA? La Centrale a fait non pas dans l'action, mais la réaction. Elle a salué les décisions prises par le président les qualifiant d'«audacieuses et courageuses». C'est dire que l'UGTA, aujourd'hui, en sa qualité de partenaire social, ne prend pas part aux décisions, mais les subit.