La première manche des pourparlers entre les deux délégations à la frontière biélorusse s'est achevée lundi sans avancée notable tandis que l'offensive des forces russes se poursuit sur Kiev, Kharkiv, le port de Marioupol et plusieurs autres villes. Au sixième jour de l'intervention russe en Ukraine, les bombardements continuent comme à Kharkiv, la deuxième ville du pays dont la place centrale a été une des cibles. L'un d'eux a fait dix morts, hier, selon les secours. Plus au nord, la ville d'Okhtyrka, des combats meurtriers auraient occasionné la mort de 70 soldats ukrainiens, un bilan non confirmé par l'un et l'autre camp. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a, pour la première fois depuis le début des opérations, confirmé que «l'opération militaire spéciale» - expression utilisée par Moscou pour désigner l'intervention - continuerait «jusqu'à ce que les objectifs fixés soient atteints». Inexorablement, l'étau se resserre autour de la capitale ukrainienne avec une avancée des troupes russes confortée par les images satellites d'un convoi sur des dizaines et des dizaines de km. L'offensive russe concerne également le sud du pays et notamment le grand port de Marioupol où les forces séparatistes de Donestk qui tiennent la région depuis 2014 viennent en appui de l'armée russe. Une chute de Marioupol signifie la jonction entre les forces russes qui progressent du côté de la mer d'Azov, à partir de la Crimée, et celles qui proviennent des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (Donbass). Le conflit a jeté sur les routes des flots d'Ukrainiens, dont plus de 660 000 ont fui vers les pays voisins depuis jeudi, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. L'Union européenne s'attend à plus de sept millions de personnes déplacées tandis que l'ONU estime à un million le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de l'Ukraine. Dans un tel contexte, la somme de sanctions prises par les Etats-Unis et l'UE contre la Russie ont fait réagir Moscou dont la réplique s'est faite au coup par coup. L'interdiction réciproque des espaces aériens va s'avérer rapidement désastreuse pour un grand nombre de compagnies aériennes occidentales, surtout européennes. Les effets d'annonce sur la livraison d'armes et d'avions à l'Ukraine sont conditionnés par cette donne et on voit mal comment ces livraisons pourront s'effectuer alors que l'espace aérien de l'Ukraine est totalement sous contrôle russe. Idem en ce qui concerne les livraisons de gaz et même de pétrole car les compensations espérées ne sont nullement garanties, au moins dans un bref délai. Après la suspension du Nord Stream 2 par l'Allemagne, le Nord Stream 1 qui continue d'acheminer le gaz russe fera-t-il l'objet d'une telle mesure? Ce serait un hara-kiri, d'autant que les premiers signes d'une crise énergétique profonde ne vont pas tarder, comme le redoute l'Opep+, même si les cours de l'or noir se sont envolés, à la grande satisfaction des Etats-Unis qui sont les premiers bénéficiaires de ce contre-coup. En attendant, parallèlement aux combats qui se poursuivent et aux négociations qui vont reprendre après consultation, une autre guerre se déroule sur le champ diplomatique et médiatique.