Dans l'esprit du citoyen lamda, l'Assemblée populaire nationale a toujours été une institution budgétivore sans aucune mission, du moins sans effet direct sur son quotidien. Pour lui, le député ne se faisait élire que pour se lancer dans les affaires, s'assurer une retraite dorée et bénéficier de toutes les largesses du poste. Par le passé, cela n'était pas faux, il faut le reconnaître. Les anciennes législatures l'ont d'ailleurs largement démontré. La 8ème législature, elle, est célèbre par ses «hauts faits d'armes». cette assemblée qui n'a été qu'une simple caisse de résonance, une machine à entériner les décisions du gouvernement et à adopter ses projets de loi, a été transformé en un grand carnaval... «fi dechra». Il suffit, pour s'en convaincre, de rappeler le marchandage opéré par les 462 députés pour une augmentation de leur salaire, alors qu'à l'époque, les caisses de l'Etat étaient vides! Ces anciens députés s'étaient même autorisés à fermer l'APN en plaçant un cadenas aux portes! Une majorité de ces «élus» se sont retrouvés devant la justice pour corruption aussi. Des agissements et des faits uniques et iniques qui ont avili l'image d'un représentant du peuple. Est-ce que cette image là sera effacée avec la nouvelle assemblée? Il est encore trop tôt de se prononcer avec certitude mais aux nouveaux arrivés au palais Zighoud Youcef, il faut reconnaître un bon début. Les élus membres de commissions ne se roulent pas les pouces. Ces derniers n'ont pas attendu pour lancer une enquête sur la pénurie de l'huile de table, dès son apparition. Mieux, ils ont rendu publiques leurs conclusions! Fait rarissime pour l'Algérie d'avant, où les enquêtes menées par l'APN n'aboutissaient jamais. L'entrain des élus semble n'être qu'à ses débuts. Hier, la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de l'Assemblée populaire nationale a annoncé l'organisation de missions d'information pour s'enquérir des préoccupations des opérateurs économiques, dans les différentes wilayas du pays. Une action qui ne manquera pas de mettre le doigt sur les entraves réelles des opérateurs économiques, d'encourager l'investissement et d'accélérer, donc, les réformes économiques lancées. Elle alimentera également le débat à l'APN sur la base de faits et de données tangibles. Un bon point pour l'Algérie nouvelle qui commence, enfin, à voir ses élus accomplir leur rôle. Si ces initiatives se multiplient, il sera alors possible de parler d'un changement radical dans le fonctionnement de l'APN, car il n y a pas meilleur gage qu'une présence soutenue sur le terrain. En fait, les élus de la première législature après le Hirak populaire, ne sont pas sans savoir toutes les attentes du peuple et ses espoirs de voir enfin le changement. Ils ont le devoir, alors, de mener à bien leur mandat, d'accomplir scrupuleusement leur, tâche, de contrôler le travail de l'exécutif et de s'assurer de la bonne application des textes et des lois, dans l'objectif de soulager le quotidien des Algériens. Créer de nouvelles traditions est une tâche particulièrement ardue, mais cela donnera naissance un nouveau concept de l'action parlementaire. C'est là le seul moyen de réhabiliter l'APN et de regagner la confiance citoyenne et de la crédibilité. L'heure du changement a sonné.