Au moment où la sortie du tunnel devenait imminente pour les négociateurs du nucléaire iranien, la Russie a surpris tout le monde en exigeant par la voix du MAE Sergueï Lavrov des «garanties américaines» en ce qui concerne les sanctions et autres mesures de rétorsion qui pourraient affecter la coopération entre Moscou et Téhéran. De quoi plomber l'ambiance des déclarations optimistes sur un accord plus que proche entre les parties prenantes au pacte international de 2015 sur le nucléaire iranien dont est sorti avec «fracas», en 2018, l'ancien président américain Donald Trump, stimulé par ses conseillers ultra sionistes. Hier, Téhéran a indiqué attendre de Moscou des «détails» sur ces exigences russes de garanties américaines dont on imagine qu'elles vont, sans doute, retarder l'heureuse conclusion tant attendue par les dirigeants et le peuple iranien. Le MAE iranien qui «a pris connaissance des propos de Lavrov dans les médias», russes, notamment affirme son impatience d'en examiner «les détails par la voie diplomatique». Conclu par l'Iran d'un côté, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l'Allemagne de l'autre, l'Accord de 2015 visait à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique alors même qu'il n'a jamais cessé de nier une telle intention. Les discussions de Vienne doivent contribuer à faire revenir dans l'Accord de 2015 les Etats-Unis et obtenir ainsi de l'Iran qu'il revienne à ses engagements initiaux après les avoir rompus en réaction à la décision de Trump. Washington participe de manière indirecte à ces négociations qui durent depuis plusieurs mois et voient la Russie y jouer un rôle primordial, surtout qu'elle récupère des tonnes d'uranium enrichi en excès par Téhéran. « Il est important que la coopération pacifique de l'Iran avec d'autres pays, y compris la Russie, ne fasse naturellement l'objet d'aucune sanction, surtout s'agissant de sanctions imposées par un pays et non pas par les Nations unies», a déclaré, à cet égard, le porte- parole du MAE iranien, Saed Khatibzadeh. «L'approche de la Russie a été jusqu'à présent constructive pour parvenir à un accord collectif à Vienne», a-t-il ajouté alors que d'autres hauts responsables iraniens ont de nouveau rappelé que l'Iran ne «va pas attendre indéfiniment» que Washington «se décide» à lever les sanctions imposées par Trump. Réagissant au propos de Lavrov, Washington a jugé «hors sujet» les nouvelles exigences de Moscou, estimant que les sanctions imposées à la Russie pour son intervention en Ukraine «n'ont rien à voir» avec le dossier du nucléaire iranien. Encore un autre dialogue de sourd qui n'augure rien de bon pour la suite des évènements.