Après des mois et des mois d'âpres négociations, au cours desquelles des accusations et des menaces ont été maintes fois échangées, le dossier du nucléaire iranien était sur le point d'être bouclé à Vienne, affirmaient les protagonistes. Une question d'heure, disaient même les puissances occidentales, impatientes de conclure pour ne pas risquer de nouvelles mauvaises surprises, l'ombre du conflit en Ukraine devenant de plus en plus pressante. Mais le 5 mars dernier, pressée par l'ampleur des sanctions occidentales qui visent à saper son économie, la Russie a douché l'enthousiasme naissant et les déclarations optimistes sur l'imminence de la réactualisation de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien. Moscou a réclamé des engagements précis de Washington selon lesquels ses relations économiques avec l'Iran ne seront pas affectées par la mise en oeuvre des sanctions énoncées. Les Etats-Unis ont rejeté ces exigences, considérant qu'elles sont «hors sujet» selon le secrétaire d'Etat Antony Blinken mais le résultat en est que l'imminence de la conclusion d'un accord sur la base de celui obtenu en 2015, à Vienne également, aura été bloquée net. Depuis, les capitales occidentales s'impatientent et appellent à une avancée de moins en moins perceptible. Hier, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, a annoncé, dans une conférence de presse, que le MAE iranien Hossein Amir-Abdollahian va se rendre, aujourd'hui même à Moscou, dans l'espoir de surmonter cet arrêt brutal sur le dossier nucléaire en relançant les discussions avec le partenaire russe. À Vienne, il aura fallu plusieurs mois de tractations entre l'Iran et les grandes puissances - Chine, Russie, Royaume-Uni, Allemagne, France -, (les Etats-Unis qui n'ont pas de relations diplomatiques avec Téhéran participant de manière indirecte, après le retrait de l'Accord décidé en 2018 par l'ancien président américain Donald Trump qui a rétabli et aggravé les sanctions contre l'Iran) pour progresser sur la voie d'un renoncement iranien à l'arme atomique en échange de la levée totale des sanctions grevant son économie. Depuis, Téhéran s'est progressivement affranchi des conditions stipulées par l'Accord de 2015 et c'est avec l'élection du président Joe Biden, que l'optimisme a refleuri. Toujours est-il que l'Union européenne a signifié, vendredi dernier, que les pourparlers sont en stand-by «en raison de facteurs externes» alors que les Etats-Unis ont affirmé l'accord possible «si les décisions sont prises dans des endroits comme Téhéran et Moscou». Ce à quoi l'Iran a rétorqué que les questions qui demeurent en suspens relèvent d' « une décision politique américaine» sur la levée réelle des sanctions, condition objective du parachèvement de l'entente. «La Russie a formulé clairement, officiellement, et à haute voix ses demandes et cela doit être discuté entre toutes les parties prenantes à l'accord, comme toutes les demandes présentées par d'autres parties», a encore indiqué le MAE iranien, laissant entendre que les discussions bilatérales à Moscou devraient permettre à la Russie et à l'Iran d'accorder leurs violons.