Un membre de la délégation algérienne à évian, le porte-parole lors des négociations, Rédha Malek, a remis «l'ambiance d'Evian» au goût du jour en permettant aux lecteurs de l'Histoire de l'Algérie de se ressourcer et d'avoir d'amples informations sur les dédales de ces négociations marathoniennes. Le livre L'Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes, 1956-1962 (l'épreuve des faits), est une oeuvre monumentale qui donne un caractère documenté des pourparlers et les quatre années de tractations avec les représentants de la France coloniale pour trouver un accord entre les deux belligérants, dans la perspective de mettre un terme à 7 années et demie de guerre et tracer la voie vers l'autodétermination du peuple algérien. Le diplomate et porte-parole de la délégation algérienne à Evian a fait appel à ses souvenirs, même si le livre est plein de documentation qui fait acter l'événement historique. C'est une manière de témoigner et de donner de la saveur à cet événement phare dans l'histoire de l'Algérie. Dans l'un des chapitres du livre, Rédha Malek raconte le moment «fou» qui précédait la signature des accords. Les négociateurs étaient en Haute-Savoie, ils attendaient quelques retouches de la mouture des accords, pour que la fin des négociations soit entérinée par la déclaration de cessez-le-feu. Rédha Malek rapporte dans son livre que «dimanche 18 mars, les négociateurs réunis à Evian-Les-Bains, en Haute-Savoie, s'étaient donné rendez-vous en fin de matinée pour la lecture finale des 98 pages de l'accord, conclu après 18 mois de négociations houleuses. Le sentiment de surprise domine cette journée historique. La signature devait avoir lieu immédiatement après le déjeuner. Mais au moment de se retrouver pour signer, Belkacem Krim, vice-président du Conseil du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le plus habile des négociateurs, propose une ultime lecture. Louis Joxe, ministre d'Etat chargé des Affaires algériennes, jette un regard surpris en direction de l'un de ses collaborateurs, avant de lui demander d'avertir l'Elysée, qu'il rappellera dans une heure et demie». Les 98 pages que comportent les accords, en voie de signature, ont été relues paragraphe par paragraphe, page par page jusqu'à ce que le «différend» ait été aplani. Rédha Malek cite ce différend dans son livre, soulignant que «les membres de la délégation française lisent, tour à tour et à haute voix, les 98 pages des accords. Nous suivons studieusement sur nos documents. Il n'y a qu'une seule interruption au sujet d'un alinéa de la Déclaration des garanties: «les nationaux français nés en Algérie ou justifiant de 10 années de résidence habituelle», et d'ajouter: «L'erreur - une coquille de taille! - résidait dans la substitution du «ou» au «et». De nouveau, au moment de signer le texte des accords, la délégation algérienne regarde les trois ministres français parapher tour à tour le document, Belkacem Krim interroge du regard le secrétaire général du GPRA, Saâd Dahlab et le ministre de l'Intérieur du GPRA, Lakhdar Ben Tobbal», souligne Rédha Malek dans son livre. L'auteur du livre L'Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes, 1956-1962 (l'épreuve des faits), cite le climat qui régnait du côté français. «Après le paraphe de l'accord, le ministre d'Etat aux Affaires algériennes prend la parole. Durant l'audience, le silence est d'une exceptionnelle gravité. Louis Joxe accueille avec soulagement la fin de ce marathon diplomatique et exprime le voeu que les uns et les autres soient à la hauteur des nouvelles tâches de la paix. Une poignée de main entre les membres des deux délégations, qui s'en étaient abstenus jusqu'ici, scelle l'accord et la réconciliation. Il est 17h30», lit-on.