Maghnia n'est, désormais, plus l'ultime étape et le point de transit pour les Subsahariens. Maghnia est-elle en passe de redevenir la terre d'asile pour les immigrés irréguliers subsahariens? L'est-elle pour la nouvelle vague de clandestins asiatiques? Quelles solutions pour les refoulements massifs d'immigrés clandestins à nos frontières par les Marocains? Tous les efforts consentis par les autorités au plus haut niveau en concertation avec différentes représentations diplomatiques et consulaires africaines pour endiguer la fièvre d'atteindre l'autre rive de la Méditerranée pour les Subsahariens, risquent d'échouer avec le retour qui se fait actuellement prononcé à travers des voies détournées. Le cas du repli d'une bonne partie de ces candidats à l'exil pour se faire un pécule pour de nouvelles tentatives ou carrément les expulsions par des manières pas trop conventionnelles sur notre sol par les Marocains en sont quelques exemples qui ont donné à Maghnia une autre vocation. En effet, Maghnia n'est, désormais, plus l'ultime étape et le point de transit pour les Subsahariens mais est devenue une base de repli. Malgré les risques majeurs qu'encourent les clandestins lors de leurs périples, l'émigration clandestine africaine vers les pays d'Europe, même si elle a quelque peu connu un déclin très relatif, ne demeure pas moins importante. Ni les morts dans des conditions tragiques qui se font quotidiennes lors des traversées, ni celles des dernières tragédies qu'ils ont connues à la frontière hispano-marocaine encore moins les différentes opérations de rapatriement, ne semblent décourager l'aventure vers l'Eldorado à ces Africains. En effet, ce sont des dizaines qui périssent chaque semaine en tentant de forcer le destin à bord d'embarcations de fortune. Ils sont 26 qui ont payé cette semaine, de leur vie l'aventure pour atteindre l'espace espagnol dans la région de Mellila, un malheureux taux qui est dans la même proportion que celui de ceux qui périssent dans les mêmes conditions du côté de la Tunisie pour atteindre les côtes siciliennes. Malgré cela et en dépit des centaines de morts et plus de 6100 personnes interpellées depuis juin 2005 au niveau des passages des deux enclaves espagnoles, portes d'entrée de l'espace Schengen ainsi que l'élévation de la troisième barrière métallique pour isoler les enclaves de Ceuta et Mellila frontières terrestres entre le Maroc et l'Espagne (respectivement isolées par une double clôture de 8 km et 12 km) ou encore les mises en place des systèmes de détection infra-rouge et le renforcement des contingents militaires, la Guardia Civil, l'émigration illégale persiste et Maghnia accueille de plus en plus d'Africains dénués de tout pour faire dans la manche afin de subsister ou travailler pour financer de nouvelles tentatives. La présence d'immigrés irréguliers à Maghnia se complique davantage avec une nouvelle vague de clandestins, à savoir, asiatique notamment, indienne et bangladeshie. Pas moins de 43 parmi eux ont été récemment interpellés et ont comparu devant la justice qui les a refoulés. Le pays risque de connaître le même rush que lors de la dernière décennie où la tendance était en hausse puisque le nombre a atteint 2806 en 2000, 4273 en 2001, 4118 en 2002 et 4870 en 2003, soit une moyenne de 4000 personnes arrêtées chaque année, si aucune mesure concrète ne vient à être envisagée pour parer à ce fléau pour lequel la gendarmerie, à elle seule, a interpellé 28.900 immigrés clandestins lors de cette décennie. Un chiffre effrayant qui incite à plus de rigueur et de fermeté.