De quoi booster le programme de développement économique. Le ministre délégué chargé de la Réforme financière, Karim Djoudi, a annoncé, sur les ondes de la Chaîne III, dont il était l'invité, la disponibilité de surliquidités de 800 milliards de dinars sur le marché financier. Le marché obligataire, quant à lui, pour les années 2004-2005 dispose d'un montant qui a atteint 130 milliards de dinars, ce qui a déjà entraîné un engouement des grands investisseurs pour ce dernier. Ce marché pourrait, cependant, générer à terme des contraintes dont dépendrait la solvabilité d'une demande de crédits en forte croissance. L'allègement fiscal des crédits à taux d'intérêt intéressant ainsi que l'émergence de nouveaux établissements financiers pourraient représenter pour le gros marché que constituent les petites et moyennes entreprises un attrait certain pour qu'elles soient présentes sur ce segment qui connaît une forte évolution. Cela «boosterait» de manière appréciable le programme de relance économique en cours. Selon M.Djoudi, cette forte croissance de crédits doit nécessiter une certaine prudence vis-à-vis des risques dus essentiellement à des phénomènes extérieurs et devrait surtout conforter et satisfaire la qualité de la demande. Il nous précise que des mécanismes de contrôle constitués par le commissaire aux comptes, du ministère du Commerce et de la Socab, sont déjà en place pour y pallier. Il ajoute que les réformes attendues ne sont aucunement figées et peuvent évoluer. Le processus de libéralisation du marché, accompagné de mesures concrètes et modernes sont autant de gages attendus par les banques étrangères et le milieu financier international qui ont déjà évalué à la baisse la destination Algérie. L'Algérie, qui dispose d'une réserve de change de 64 milliards de dollars, est devenue un marché attractif. C'est ainsi que deux nouvelles banques privées ont vu le jour (APS, 5 juin): Calyon Algérie, appartenant au groupe Crédit agricole SA, qui sera dotée d'un capital social de 2,5 milliards de dinars minimum requis par la réglementation en vigueur ; Al Salam Algéria, projet porté par des investisseurs de pays arabes, qui, elle, sera dotée d'un capital s'élevant à 7,2 milliards de dinars. Le paysage financier et bancaire compte actuellement 19 banques dont 12 privées et parmi elles, deux, françaises, BNP Paribas et la Société Générale. La stratégie des Banques françaises qui, dans les années 90, consistaient le slogan «Courage, fuyons», est aujourd'hui à l'affût des opportunités qu'offre le continent africain et l'Algérie en particulier. Elles intègrent le continent dans le portefeuille des services qu'elles proposent à leurs clients internationaux. Depuis 2002, la Société Générale accélère son implantation. Elle a repris l'Union internationale des banques, sixième établissement de Tunisie et première banque privée de ce pays. Au sud du Sahara, une filiale a été ouverte au Bénin et a acquis la majorité de SS Bank au Ghana. En plus de quarante ans, la Société Générale s'est installée au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Sénégal, en Egypte et au Maroc. Dans cette course à l'implantation des banques françaises en Afrique, une manne de plusieurs milliards de dollars fait courir les institutions internationales qui veulent en prendre le contrôle, souvent au détriment des Etats producteurs. L'Afrique subsaharienne fournira dans moins de 10 ans près de 12% des besoins de la planète en pétrole. C'est dans ce contexte auquel notre pays doit face que des réformes adéquates doivent voir le jour pour parvenir à un système bancaire moderne et performant. L'alignement de nos rentrées en devises sur le dollar doit conduire à la diversification de notre programme de développement économique. Contrairement aux voisins tunisiens et marocains, adossés à un panier composé de plusieurs devises, l'Algérie tributaire des hydrocarbures à plus de 95% et dont les exportations sont libellées en devises américaine a dû entre juin 2002 et 2003 procéder à une revalorisation du dinar afin de remédier à la chute du dollar qui a perdu 30% de sa valeur ce qui a entraîné des hausses de prix atteignant le même pourcentage sur certains produits, dont les médicaments. Cette dévaluation à l'envers a tout de même permis à la devise algérienne de regagner plus de 10% de sa valeur par rapport à l'euro. La forte embellie financière devrait servir à renforcer la monnaie algérienne en créant un outil de production capable d'absorber sans trop de difficultés l'afflux de liquidités pour ne pas prendre en compte notre dépendance vis-à-vis des importations, ce qui pourrait rendre notre économie vulnérable et provoquer une dépréciation de la devise. De quoi compromettre les équilibres macro-économiques et le programme de développement économique.