Le pétrole est une arme redoutable. Il est donc recommandé de ne s'y frotter qu'avec précaution. C'est le message clair que vient d'envoyer l'Opep à l'UE qui a envisagé de mettre les exportations de pétrole russe sous embargo pour sanctionner Moscou dans le conflit armé qui l'oppose à l'Ukraine. Une interdiction de l'Union européenne sur le pétrole russe pourrait avoir de graves conséquences, a prévenu l'organisation des pays exportateurs de pétrole. L'Opep craint qu'un éventuel embargo de l'Union européenne sur les importations de pétrole russe ne nuise aux consommateurs et a fait part de ses préoccupations à l'UE, a rapporté jeudi dernier Reuters qui a fait référence à des sources au sein de l'Organisation. Des responsables de l'Opep ont rencontré ces dernières semaines des responsables de l'UE, et l'Opep a clairement fait part de ses inquiétudes quant à une éventuelle interdiction du pétrole russe par l'UE, ont indiqué sous le sceau de l'anonymat les informateurs de l'agence. Rien n'est hors de la table concernant des sanctions supplémentaires de l'UE contre la Russie, a déclaré le fonctionnaire de l'UE à Reuters. On n'en saura pas plus. Il faut rappeler que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne avaient évoqué, le 21 mars à Bruxelles, des sanctions supplémentaires à l'encontre de la Russie, y compris contre le secteur pétrolier russe. Le consensus ne semblait cependant pas dominer au sein de l'UE pour que le train des sanctions européennes, lancées contre la Fédération de Russie depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février, s'étendent au secteur de l'énergie. «Au vu de l'étendue des destructions en Ukraine en ce moment, il est très difficile de plaider pour (des sanctions) qui ne s'étendraient pas encore au secteur de l'énergie, en particulier le pétrole et le charbon», avait déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney. «Il est inévitable de commencer à parler du secteur de l'énergie, en particulier du pétrole, principale source de recettes pour la Russie», avait renchéri le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis. L'Allemagne, première économie européenne qui a mis en garde contre une décision trop hâtive, du fait des prix de l'énergie déjà très élevés en Europe, s'y est opposée alors que des petits Etats membres de l'UE à l'image de la Lituanie, militent pour l'embargo. Les ministres de l'UE se sont finalement séparés sur un désaccord, mais l'option semble être toujours sous le coude. Il faut souligner que l'Opep+ renferme en son sein la Russie, deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde. Un membre incontournable de cette alliance qui a contribué au redressement des cours de l'or noir et qui joue un rôle prépondérant, quant à leur stabilisation, depuis l'accord scellé entre les 13 membres de l'Opep et leurs 10 partenaires hors organisation, lors de la 171e réunion de la Conférence de l'Opep, tenue le 30 novembre 2016 à Vienne, en Autriche, ce qui a ouvert la voie à la Déclaration de coopération (DoC) historique, entre les pays membres de l'organisation et les principaux pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep, à travailler ensemble dans l'intérêt d'une stabilité durable du marché du pétrole. Un édifice que l'Opep tient à protéger. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, a confirmé son attachement à l'accord Opep+ avec la Russie, lors d'un entretien qui a eu lieu le 27 février entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et le président français, Emmanuel Macron, avait indiqué l'agence officielle Saudi Press Agency. Le prince héritier a réaffirmé cet engagement entre les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole menés par l'Arabie saoudite et leurs 10 partenaires, guidés par la Russie, lors d'un entretien portant notamment sur la situation en Ukraine et l'impact de l'invasion par la Russie sur le marché de l'énergie, est-il spécifié. Toucher aux exportations russes reviendrait à vouloir «dynamiter» l'Opep+, enflammer le prix du baril... Ce qui ne profitera certainement pas aux pays occidentaux. L'UE est prévenue...