L'ombre du dossier du nucléaire iranien plane toujours sur la région moyen-orientale où le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, tente, aujourd'hui, de rassurer son «allié» sioniste qui aura tenté, par tous les moyens, de saborder les négociations. Celles-ci ont repris de par la volonté des pays signataires de l'accord de 2015, les Etats-Unis étant revenus à Vienne, de manière indirecte, une fois terminé le mandat de l'ancien président Trump qui a promptement dénoncé l'accord en entrant à la Maison-Blanche. Après des mois et des mois de difficiles tractations, marquées tantôt par des menaces et, tantôt, par des accusations, les protagonistes ont affirmé que la signature d'un nouvel accord n'était plus qu'une question de quelques jours, voire de quelques heures. Cela remonte à trois semaines, déjà, mais le ton est encore à l'optimisme tant il apparaît que la conclusion heureuse de cet épisode est espérée par l'ensemble des parties. Une fois contentée la demande légitime de la Russie qui réclamait des garanties aux Etats-Unis sur la non- incidence des sanctions relatives au conflit en Ukraine sur sa coopération avec l'Iran, d'aucuns pensaient que la voie était toute ouverte pour un happy- end immédiat. Mais, au forum de Doha, l'émissaire américain pour l'Iran, Robert Malley, a cru nécessaire de jeter un pavé dans la mare, hier, en affirmant que les Etats-Unis maintiendront les sanctions contre les Gardiens de la Révolution iraniens, le bras armé de la République islamique, et cela indépendamment de l'accord sur le nucléaire. Ils «resteront sanctionnés en vertu de la loi américaine et notre perception (à leur égard) sera toujours la même», a déclaré le diplomate, tout en sachant que Téhéran attend des Etats-Unis qu'ils retirent les Gardiens de la Révolution de leur «liste noire des organisations terroristes». Après les multiples annonces selon lesquelles la conclusion du dossier n'était plus qu'une question d'heure, selon les puissances occidentales impatientes de conclure pour éviter d'éventuelles «mauvaises surprises», il n'en a pas fallu plus pour que l'incertitude revienne plomber l'ambiance. En effet, l'ancien ministre iranien des Affaires étrangères et actuel conseiller du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, Kamal Kharazi, a aussitôt enfoncé le clou en avertissant que l'armée nationale iranienne «ne peut être placée sur la liste (américaine) d'organisations terroristes». Samedi, l'Iran a confirmé que cette exigence fait partie des litiges encore sur la table des négociations, afin de relancer l'accord de 2015 pour lequel Téhéran a repris les pourparlers avec la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. À maintes reprises, l'Iran n'a pas cessé de démentir les accusations occidentales sur un projet d'arme atomique et il a souligné à chaque fois que son programme nucléaire est pacifique. Parmi ses principales exigences figure la levée des sanctions américaines qui ont mis à mal son économie, sans pour autant la compromettre. Hier, le coordinateur de l'Union européenne, chargé de superviser les négociations, Enrique Mora, s'est entretenu à Téhéran avec le chef de la délégation iranienne, Ali Baghéri, dans une ultime tentative de lever les dernières contraintes. Baghéri, a-t-il dit, estime qu'un accord peut être conclu pour peu «que la partie américaine soit réaliste». Mora n'a pas fait mystère de son inquiétude: « Nous devons conclure cette négociation. L'enjeu est important», a en effet tweeté le diplomate, venu fournir des efforts afin de «combler les écarts restants» entre les parties prenantes, les Etats-Unis en l'occurrence.