«Nous proposons de ne pas limiter le nombre de mandats présidentiels mais ce n'est pas le seul aspect de notre projet de révision constitutionnelle.» La mouture de la Constitution version FLN, comporte un nouveau découpage territorial qui va au-delà des limites géographiques de la wilaya. «Il faut ouvrir la voie à une nouvelle organisation territoriale et le débat est actuellement en cours au sein de l'instance exécutive. Cela, avant que la mouture finale de la Constitution ne soit remise au président de la République avant la fin de la semaine prochaine», a indiqué jeudi, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. «Il ne s'agit pas de fédéralisme ni de régionalisation mais d'un nouveau découpage qui garantira une harmonie économique entre les communes et les wilayas», a-t-il dit précisant qu'«actuellement il y a des projets, dans le programme de la relance économique qui dépassent les limites des wilayas. C'est donc une nécessité que d'installer une instance territoriale dotée de compétences pour gérer les projets». Des projets spéciaux dotés d'enveloppes budgétaires largement conséquentes, ont été annoncés par le président de la République dans le cadre de son programme de relance économique. Il y a notamment le programme des Hauts-Plateaux, le programme du Grand Sud et d'autres programmes encore comme celui consacré à la relance en Kabylie. A suivre la proposition du FLN assisterons-nous alors à la naissance d'un gouvernorat du Grand Sud (GGS), d'un gouvernorat des Hauts-Plateaux (GHP), d'un gouvernorat Kabylie (G.K)...? L'expérience des gouvernorats a eu lieu en Algérie au milieu des années 90. Après le gouvernorat du Grand Alger, conduit par Cherif Rahmani, l'expérience allait être étalée vers Constantine et Oran avant d'être enterrée en 2000 «faute de texte constitutionnel qui permettrait ce genre de regroupements territoriaux», a précisé encore Belkhadem qui s'exprimait dans une conférence de presse, organisée jeudi, au Mouflon d'Or (Ben Aknoun) où s'est déroulée une réunion extraordinaire de l'instance exécutive du FLN. Avant d'évoquer ce nouveau découpage, cité par ailleurs dans le dossier de la réforme de l'Etat engagée en 2001, M.Belkhadem a longuement défendu les motifs qui ont conduit son parti à demander la révision de la Constitution. «La Constitution de 1996 a été conçue dans des moments de crise», a-t-il dit. «Son objectif donc était de répondre à cette situation de crise. Aussi, a-t-elle permis d'éloigner du jeu politique le triptyque identitaire que sont l'islamité, l'arabité et l'amazighité. Elle a également jeté les bases de la pérennité de l'Etat», a argumenté le secrétaire général du FLN, pour dire ensuite: «Aujourd'hui, on n'est plus en situation de crise, l'Etat n'est plus menacé, d'où, selon lui, la nécessité de réviser la Constitution.» Pour les observateurs, cet argumentaire est de «nature argileuse», c'est-à-dire qu'il est politiquement intenable. En fait, M.Belkhadem pose un problème de dialectique. Car, estiment ces observateurs, soutenir qu'un texte de loi conçu en période de crise n'arrive pas à aller au-delà des éléments de cette crise, c'est déjà un procès d'intention. «Il est inconcevable que les concepteurs de la Constitution de 1996 n'aient pas eu suffisamment de clairvoyance pour aller au-delà de cette crise», reprochent les mêmes observateurs. Et puis, ajoutent-ils, ne dit-on pas que c'est durant ses moments de crise que la société se surpasse en sécrétant le meilleur d'elle-même? Mais Belkhadem a d'autres arguments qui imposeraient cet amendement. «Nous ne disons pas qu'il faut tout rejeter, mais il y a des choses à amender», se défend-il. Il confirme alors la suppression du poste de chef de gouvernement et son remplacement par celui de Premier ministre, la non-limitation du nombre de mandats présidentiels, la création du poste de secrétaire général à la présidence et donner toutes les prérogatives au président de la République dans le cadre d'un régime présidentiel. M.Bekhadem se défend du «procès que lui font les politiques et les observateurs» selon lequel le FLN est uniquement guidé par le souci de renouveler la mandature au président. «On a été très clair, nous soutenons un troisième mandat, mais l'idée de la révision constitutionnelle démarre et embrasse tous les autres aspects de l'édifice institutionnel», a récusé le patron du FLN. «Le souci du FLN n'est pas le nombre de mandats à accorder au président, mais c'est de garantir des élections libres, transparentes et indépendantes. Le souci est d'offrir à tout le monde la chance de participer librement aux élections», a-t-il appuyé avant d'insister sur la nécessité de respecter le choix populaire. Mais dans le choix populaire, il risque d'y avoir des dérapages. L'Algérie en a fait l'expérience à ses dépens. «Notre peuple n'est pas mineur», a répondu M.Belkhadem.