Les Ivoiriens ont dominé la fin de match sans pouvoir égaliser. L'équipe de Côte d'Ivoire s'apprête à quitter la coupe du monde la tête haute. Sa défaite consommée vendredi soir au stade Gottlieb Daimler de Stuttgart face à la formation des Pays-Bas, aura été celle de trop pour elle. Déjà battue lors de son premier match par l'Argentine, elle avait pour mission d'arracher, au minimum, le match nul en vue de miser, lors de l'ultime journée du premier tour, sur une défaite des Pays-Bas face aux Argentins combinée à une victoire de sa part sur la Serbie-Monténégro, mais elle n'a pu aller au bout de son objectif et a dû baisser pavillon face à une sélection batave qui a été loin de lui être supérieure. Celle-ci a simplement été plus réaliste au moment où le jeu lui était favorable, c'est-à-dire en première mi-temps. L'avantage au score de 2 à 0 avait même laissé présager un succès pléthorique des Hollandais. Mais le petit Bakari Kone, suite à la réalisation d'un but de toute beauté, a complètement refroidi les velléités des Oranje dont la seconde mi-temps a consisté à défendre leur maigre avantage. Et d'une manière qui s'avère positive, puisqu'en dépit d'une nette domination ivoirienne en fin de match, le score ne changea pas. Ce succès hollandais fut obtenu dans un stade de Stuttgart archicomble, aux trois-quarts rempli de supporters bataves. Vivre un match de Coupe du monde en direct dans le stade qui l'accueille, n'a absolument rien à voir avec les images que reproduit la télévision. On peut dire que le spectacle est sur le terrain mais surtout dans les tribunes. Imaginez une immense enceinte avec des tribunes entièrement couvertes d'une toiture retenue par des haubans. Un stade à la couleur orange, celle des Pays-Bas qui ont délégué pour la circonstance des milliers de supporters qui ont rivalisé en matière de mise en scène pour afficher leur préférence. Le orange est allé jusqu'à la couleur des cheveux et de la peau dont ses fans en folie en ont abusé sans aucune limite. De l'autre, il y avait bien des Ivoiriens, peut-être 2000 à 3000 supporters dont la particularité a été de s'habiller, également, en orange, la couleur du maillot de la sélection nationale. On a pu les reconnaître que grâce au drapeau ivoirien qu'ils soulevaient. Ajoutons que face à la déferlante hollandaise, ils ont reçu l'appui des supporters allemands tout heureux de rendre service à un adversaire des Oranje qui risque de se mettre au travers de la route de leur Manschaft. Dans la mêlée des chants des supporters des deux camps, et bien avant que ne débute le match, il y eut la sonorisation du stade qui n'a pas cessé de diffuser à plein décibels tous les tubes que les fanas de foot connaissent. Ces scènes délirantes connurent des moments d'apaisement au moment du coup d'envoi, mais sur chaque action dangereuse, chaque but, le stade Daimler se remettait à bouillonner. Le plus important à notre avis est que tous ces supporters, pourtant de deux camps opposés, n'ont à aucun moment cherché à se provoquer mutuellement. Le match a eu lieu normalement sans incident notable. Et à la fin de la rencontre, si l'exubérance hollandaise ne cesse pas, ce ne fut vraiment pas le cas des Ivoiriens déçus de voir leurs Eléphants perdre une nouvelle fois. Rencontre en dehors du stade, Aboubacar Charaf, qui est un arbitre international (il a dirigé par exemple ES Tunis-USMA et USMA-Ashante Kotoko en Champion's League africaine, n'a pas hésité à pointer du doigt Henri Michel, le coach des Eléphants. «Chez nous, personne n'a le droit de lui parler ou de lui faire des remontrances. Au nom de l'union nationale autour de la sélection, il faut éviter de critiquer le coach. Pourtant, vous avez vu, notre tactique a été défaillante, et je crois que la tactique relève des compétences de l'entraîneur. Si notre équipe nationale a réussi à presser les Hollandais en fin de match, c'est grâce au talent des joueurs, à leur volonté et à leur coeur. Michel n'a rien à voir avec cette très belle réaction», nous a-t-il dit, l'air vraiment dépité. A ce moment-là, passe un groupe de supporters ivoiriens. Pour eux, «les Eléphants ont fait honneur à la Côte d'Ivoire malgré la défaite. Seulement, on ne comprend pas pourquoi Henri Michel s'est obstiné à conserver sur le terrain Didier Drogba. Il est sûr que ce joueur a rendu beaucoup de services à la sélection nationale, mais aujourd'hui, c'est lui qui a bloqué tout le jeu offensif de ses camarades. Tous les ballons passaient par lui, et comme il n'était pas en forme, il n'a été d'aucune utilité. Il fallait le remplacer pour donner plus de tonus à notre ligne d'attaque». En somme, une grosse déception pour un pays qui aspirait à faire une grande Coupe du monde. «Allez les Eléphants. Gagnez la Coupe du monde en étant élégants», est-il écrit sur le bus qui transporte l'équipe ivoirienne. Elle est loin de cet objectif mais elle pourra dire qu'elle na pas été ridicule. Comme nous a dit un supporter ivoirien: «C'est notre première Coupe du monde. On apprend. La prochaine fois on fera mieux».