Dix-neuf «terroristes» et trois groupes armés ont été éliminés par les forces armées maliennes depuis le 22 mars lors d'opérations contre des terroristes, selon un communiqué de l'état-major général publié dans la nuit de jeudi à vendredi à Bamako. Au total, les Forces armées maliennes (FAMa) ont annoncé «la neutralisation de quatre terroristes dans la zone de Niono», dans le centre du pays ainsi que, dans le sud, l'élimination de «trois GAT» («groupes armés terroristes») dans la forêt du Baoulé et de «15 terroristes» dans les secteurs de Manfouné, Vanekui et Mandiakui. Le communiqué publié par les FAMa et repris par les médias locaux n'annonce aucune perte dans les rangs. Ce décompte s'ajoute aux «203 combattants» de «groupes armés terroristes» que les FAMa ont précédemment annoncé avoir tués lors d'une opération «de grande envergure» fin mars, dans la zone de Moura (centre), pour laquelle des témoins parlent d'un massacre de civils. Interrogé, le colonel Souleymane Dembélé, directeur de la communication des FAMa n'a pas répondu à une question sur d'éventuelles pertes militaires au cours des opérations mentionnées dans le communiqué de la nuit mais il a fait état de la mort de huit soldats à Moura dans des «combats en périphérie et aux alentours de la ville», sans précision de date. Gouverné par une autorité de transition depuis août 2020, le Mali est plongé dans la tourmente depuis 2012. La propagation terroriste, partie du nord, s'est étendue dans le pays et a gagné le Burkina Faso et le Niger voisins. Selon plusieurs rapports de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), près de 600 civils ont été tués dans le pays en 2021 dans des violences imputées principalement aux groupes terroristes. L'autorité malienne de transition a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les récents événements de Moura. Tout en saluant cette annonce, l'émissaire de l'ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, a exhorté jeudi les autorités de Bamako à permettre à l'ONU d'accéder à cette localité très difficile à atteindre, et d'où aucune photo n'a émergé depuis les événements controversés. Le déploiement d'une mission de la Minusma sur place n'a «jusqu'à présent» pas été autorisé, a-t-il dit au Conseil de sécurité des Nations unies. Sans faire allusion à Moura, l'état-major général malien «invite» dans son communiqué «les populations à se démarquer des terroristes pour minimiser les risques de dommages collatéraux sachant que la leçon apprise pendant les dernières actions confirme l'emploi de civils comme des boucliers humains».Collectif d'ONG, la Coalition citoyenne pour le Sahel demande pour sa part «l'ouverture d'une enquête indépendante» afin «que toute la lumière soit faite pour répondre aux allégations de graves violations des droits humains par les forces armées maliennes, notamment à Moura». «Le drame de Moura n'est que le dernier d'une série d'allégations de crimes contre des civils par différents acteurs au Mali, au Burkina Faso et au Niger», écrit ce regroupement d'une cinquantaine d'ONG majoritairement burkinabè, nigériennes et maliennes, dans un communiqué exprimant «sa vive préoccupation face à la spirale de la violence dont sont victimes les populations civiles dans le Sahel». Depuis que l'autorité de transition a sommé les opérations militaires française Barkhane et européenne Takuba de quitter le pays, le Mali est confronté à de multiples difficultés et sanctions de la part de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest et il doit également faire face à une intense campagne médiatique sur un supposé recours à des mercenaires de la société Wagner, chose que Bamako a sans cesse nié tout en reconnaissant son droit à accueillir des conseillers militaires étrangers souverainement choisis.