Si les 25 ont approuvé le principe de l'aide aux Palestiniens, Washington rechigne en revanche à suivre. La situation sociale et humanitaire des Palestiniens n'a jamais été aussi mauvaise, influant directement, outre sur les conditions de vie de la population palestinienne, sur le devenir même du processus de paix tel que conçu par la «communauté internationale». De fait, dans un rapport rendu public cette semaine, l'ONG, International Crisis Group (ICG) estime «urgent pour tous les acteurs du conflit de réévaluer leur position avec pragmatisme» avec la perspective de remettre en cause le processus de paix. Lors d'une réunion tenue vendredi, les 25 de l'Union européenne (UE) ont approuvé un paquet d'aides estimées à 100 millions d'euros environ à destination des Palestiniens. Cette aide serait versée par le biais d'un fonds spécialement conçu avec pour effet de contourner le gouvernement islamiste du Hamas, mouvement figurant dans les listes des organisations terroristes de l'UE et des Etats-Unis. L'UE avait suspendu, rappelle-t-on, son aide à l'Autorité palestinienne au lendemain de l'entrée en fonction, en mars dernier, du gouvernement du Hamas, suite à sa victoire aux élections législatives de janvier de cette année et au fait que le mouvement islamiste refuse de reconnaître Israël et de renoncer à la violence. Selon le communiqué du porte-parole communautaire, cette aide pourrait être applicable à partir du mois de juillet. Persiste toutefois la difficulté de convaincre Washington à participer au plan d'aide élaboré par les Européens. En effet, les Etats-Unis ne semblent montrer aucune disposition à assouplir leur position demeurant sur un juridisme de mauvais aloi. Washington a en vérité une position paradoxale sur le dossier palestinien appelant à la retenue et à la recherche des voies et moyens d'arriver à la paix, mais contribuant, par sa position hostile aux Palestiniens et franchement pro-israélienne, à radicaliser une population qu'elle espère, par ailleurs, voir rejeter la violence. L'accord d'aide trouvé par les 25 Européens doit encore être agréé par les Etats-Unis, l'ONU et la Russie partenaires de l'UE dans le Quartette pour le Proche-Orient travaillant à mettre en oeuvre le plan de paix international dit de la ''Feuille de route''. Le groupe du Quartette qui s'est réuni vendredi s'est séparé sans conclure, montrant la persistance de divergences dans ses rangs. Le département d'Etat américain a laissé entendre que les discussions doivent se poursuivre dans les prochains jours, et la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui se voulait optimiste, a déclaré qu'un «accord» pouvait être trouvé indiquant: «Il y a encore du travail à faire avec le Quartette mais je pense que nous allons parvenir à une solution». Les Etats-Unis avancent des principes et un légalisme quelque peu surfaits dans la situation particulière qui est celle des Palestiniens, refusant notamment à ce que des salaires soient versés par la communauté internationale aux fonctionnaires palestiniens. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, estime qu'«il y a des restrictions là, en termes de loi et en termes de réglementations et, pour tout dire, en termes de politique car nous ne voulons pas franchir certaines limites». Aussi, Washington pense qu'il ne va pas contribuer aux fonds initiés par les Européens, M.McCormack soulignant même: «Nous avons déjà attribué un montant substantiel d'assistance humanitaire au peuple palestinien» précisant: «Pour le moment, il n'y a pas de contribution supplémentaire prévue». La vérité semble ailleurs, comme l'indique un responsable au département qui, s'exprimant sous anonymat, a affirmé que la position des Etats-Unis «n'est pas seulement liée à des questions légales: c'est la politique des Etats-Unis» et de souligner: «Nous n'accorderons pas d'assistance à ceux qui, de façon délibérée, tuent des civils innocents dans des actions terroristes. Nous n'allons pas les récompenser pour ce genre d'attitude», référence claire au Hamas. Réagissant aux initiatives de l'UE et l'aide qu'elle compte apporter aux Palestiniens, la direction palestinienne, tout en se félicitant de l'action envisagée -le versement de 100 millions d'euros- l'estime toutefois insuffisante, déclarait hier le principal négociateur palestinien Saëb Erakat, qui a indiqué: «Nous saluons la décision européenne. Toute aide au peuple palestinien est la bienvenue.» «Nous les appelons à revoir leur boycott du gouvernement (issu du Hamas) et à reprendre le versement des aides selon les modalités qui étaient en vigueur», a dit encore M.Erakat qui ajoute: «La position européenne est louable mais nous avons besoin de beaucoup plus d'aide».