Cette visite de Mahmoud Abbas à Washington a été rendue possible après le feu vert donné par le président Arafat au voyage, longtemps différé, du Premier ministre palestinien qui exigeait, au préalable, la levée de l'isolement imposé à Yasser Arafat. Ce dernier, qui ne veut pas faire de son cas personnel, un obstacle sur la route du processus de paix, a donc encouragé Abou Mazen à rencontrer le président américain George W.Bush, afin de lui permettre de défendre le dossier palestinien. Notons que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, le suivra à Washington le 29 juillet, dans un énième voyage aux Etats-Unis. De fait, avant leur voyage séparé aux USA, les deux responsables palestinien et israélien devaient se rencontrer hier, selon des informations concordantes, pour discuter de questions toujours en suspens, singulièrement la question des prisonniers palestiniens, -au nombre de 6000-, de la libération desquels dépend en grande partie la suite de la mise en oeuvre du processus de la «feuille de route». Les Palestiniens restent fermes sur ce dossier et tiennent à ce que Israël montre une réelle disponibilité à parler de paix. Mais serait-ce possible lorsque les Israéliens semblent intéressés par le seul «démantèlement et désarmement» de ce qu'ils appellent des «organisations terroristes». A croire que le conflit n'a pas pour origine l'occupation par Israël des territoires palestiniens. Ainsi, il y a comme une mauvaise foi de la part des Israéliens, quand leur parlement, la Knesset, va jusqu'à voter, la semaine dernière, une résolution en contradiction avec le processus en cours, dans laquelle il était affirmé que «les territoires de Judée-Samarie (Cisjordanie) et de Gaza ne sont pas des territoires occupés, ni d'un point de vue historique ni dans la perspective du droit international ou des accords internationaux signés par Israël». Si les territoires palestiniens, à en croire la Knesset, ne seraient pas «occupés», pour qui est la «feuille de route»? Cette façon réductrice de voir le contentieux israélo-palestinien a été à juste titre dénoncé par le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, qui a déclaré aux journalistes que «La Russie estime que toute décision ou tout agissement de ce genre détruit les principes fondamentaux du processus de paix et n'est pas en harmonie avec le processus politique en cours.» En fait, les Israéliens qui ne reconnaissent pas la lutte des Palestiniens pour leur droit d'ériger un Etat indépendant veulent la paix et les territoires. Ils réclament la paix et la sécurité pour leur peuple, sans céder en contre partie la terre (des Palestiniens) qu'ils occupent depuis près de quarante ans. La paix contre la terre avait été le principe et le fondement des accords d'Oslo, accords réduits à néant par Sharon et les gouvernements israéliens qui l'ont précédé. Si la violence perdure dans les territoires occupés c'est bien parce qu'Israël ne veut pas vivre aux côtés d'un Etat palestinien et prône une conception réductrice de la paix. C'est aujourd'hui l'obstacle primordial à la mise en oeuvre du processus de la feuille de route. Cela ajouté aux vaines tentatives du Premier ministre israélien de retirer Yasser Arafat du jeu politique israélo-palestinien. Il a ainsi, sans succès, essayé de convaincre la communauté internationale à ne plus avoir de rapports avec le président palestinien. Ces tentatives se sont conclues le week-end dernier, lors de la visite de Sharon à Londres et à Oslo, par de cuisants échecs, les deux capitales faisant comprendre au chef du gouvernement israélien que M.Arafat régulièrement élu, est le représentant légitime du peuple palestinien. A contrario, l'obstination de Sharon a été contre-productive et n'a fait en revanche que renforcer la position de Yasser Arafat, plus que jamais incontournable, dans tout processus de paix.