L'actuel et très probablement prochain locataire de l'Elysée aura les coudées franches avec ce second quinquennat qui sera aussi son dernier pour effacer les faux pas qui ont sérieusement altéré les relations entre l'Algérie et la France. Le 30 septembre 2021, face à des jeunes harkis et pieds-noirs il s'interrogeait sur «l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation française» qui se serait construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire». La réaction a été instantanée entrainant une crise majeure entre les deux pays. L'ambassadeur d'Algérie à Paris Mohamed-Antar Daoud a été rappelé et le territoire national interdit de survol par les avions militaires français. Les choses se sont calmées. D'autres pas qui tendent vers l'apaisement ont été franchis. Les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d'Algérie, ont été ouvertes par la ministre française de la Culture. «J'ouvre avec 15 ans d'avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d'Algérie», avait annoncé, le 10 décembre 2021, Roselyne Bachelot. La visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian le 13 avril à Alger, est un indicateur incontestable d'un retour à des relations plus apaisées. C'est le gage d'un nouvel élan qui doit être imprimé aux relations algéro-françaises avec un second mandat d'Emmanuel Macron. Ce qui ne sera certainement pas le cas s'il venait à être battu par sa rivale. La présidente du Rassemblement national (ex-Front national) a déjà annoncé la couleur. «Non, je n'ai pas envie de commémorer cette date comme la fin de la guerre», avait déclaré Marine Le Pen à la veille de la célébration du 60ème anniversaire des accords d'Evian signés le 18 mars 1962 marquant ainsi la fin de la guerre d'Algérie. Elle reviendra à la charge moins d'un mois après. «Au fond, nous ne sommes pas dépendants économiquement de l'Algérie, ni de son gaz, et il est surtout dans l'intérêt de l'Algérie que les relations avec la France soient saines et apaisées», a-t-elle ajouté le 13 avril. Soit à peine dix jours avant le second tour de l'élection présidentielle. Un discours qui indique qu'elle n'hésitera pas à tout remettre en cause concernant les relations entre l'Algérie et la France. Les malentendus ne seront pas dissipés, mais exacerbés avec elle. Les relations algéro-françaises, il faut le souligner, n'ont jamais été un long fleuve tranquille. Les sujets de discorde se comptent à la pelle. Projet de déchéance de la nationalité française, débat sur l'identité nationale, la laïcité, le port du voile, l'immigration choisie, statut des étudiants, expulsions massives des candidats à l'immigration. À propos de ce dernier point, le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été certainement parmi les plus redoutés pour les étrangers hors communauté européenne, particulièrement pour les Algériens, depuis leur installation en France. Plus de 3700 Algériens ont été expulsés en 2009. Toute une batterie de mesures et de lois avait été mise en oeuvre pour rendre leur vie infernale et les livrer à la vindicte populaire. Des débats sur mesure, pour draguer les voix d'un électorat xénophobe à travers lesquelles se sont forgés des clichés et des préjugés qui ont fait la part belle aux thèses racistes véhiculées par le Rassemblement national (ex-Front national) de sa présidente Marine Le Pen. Le nom des Le Pen, à travers celui de son père, Jean-Marie Le Pen, est étroitement associé à la guerre d'Algérie et à la torture, mais aussi à la haine des immigrés en général et des Algériens en particulier. L'installer à l'Elysée reviendrait à couper les ponts entre les deux rives de la Méditerranée, entre Alger et Paris, pendant au moins cinq ans. Tout (sondage, débat télévisé) indique cependant que Marine Le Pen n'en gravira pas les marches. Elle sera, en principe nettement battue. Les relations algéro-françaises ont besoin de passerelles pour s'inscrire dans une aire géographique qu'elles ont en partage. Assumer une histoire commune, dramatique, dont les blessures ne se sont pas cicatrisées. Emmanuel Macron pourra mener cette mission qu'il avait entamée avec le Président, Tebboune. Les deux hommes s'apprécient et se respectent...