Dans son allocution adressée aux participants à la 5e édition de la conférence scientifique de la branche arabe du conseil international des archives et lue à l'assistance par l'un de ses conseillers, le président de la République Abdelaziz Bouteflika, a tenu à relever toute l'importance de cette manifestation qui constitue «une réelle prise de conscience des particularités et des constituants de la nation arabe que des personnes sincères tiennent à la concrétiser , dans toute sa dimension, dans un monde fait de confrontation et de concurrence». Un état des lieux qui exige, aux yeux du chef de l'Etat, la mise en place de stratégies particulières pour relever le défi et répondre aux différentes menaces qui nous guettent. Le président de la République considère les archives nationales comme étant «la mémoire de l'histoire» et de tout ce qu'elles contiennent comme faits occultés, jugeant ceux chargés de les gérer de «personnes conscientes de ces dangers et ces défis». Voulant aborder l'objet de cette manifestation sous «son véritable aspect», le président Bouteflika a tenu à mettre l'accent sur «l'importance de cette institution qui ne peut s'isoler ou rester en marge de l'activité sociale». Le monde dans lequel nous vivons, dit-il, ne pardonne et ne laisse de place qu'au plus fort et l'un des éléments qui constitue justement la force des nations est cette masse d'éléments de l'histoire que se propose de mettre au grand jour bon nombre de nos peuples. Dans ce registre, «la responsabilité des archivistes et des spécialistes chargés du domaine est engagée». Elle consiste à «entretenir la relation avec la société nationale pour la sauvegarde des archives pour les mettre à la disposition des chercheurs et des étudiants et d'oeuvrer à la récupération de nos biens qui nous ont été arrachés de force et de façon injuste». Le chef de l'Etat a tenu à rappeler aux participants, dont les hôtes de l'Algérie venus des pays arabes, que «l'Algérie pays de djihad, de révolution et de militantisme était aussi une terre de culture et de science». Ses hommes ont participé de façon remarquable à l'enrichissement du savoir de l'humanité. Et qu'à sa période de faiblesse «elle a été spoliée de son identité, et de sa personnalité et éloignée des sources du savoir et des sciences et empêchée de force de continuer sa marche de développement et de création». Notre pays a été, explique le chef de l'Etat, «isolé dans un monde fait d'oppression et de sous-développement...». L'allusion est ainsi clairement affichée à l'égard de l'ex-puissance coloniale qui est la France qui détient encore des trésors d'archives algériennes qui témoignent d'un passé riche en faits d'armes, de culture et de sciences ayant porté Alger au rang de point de rayonnement sur toute la Méditerranée. Sa flotte fût, à une certaine époque, la fierté des Algériens qui revendiquent le génie d'Ibn Khaldoun pour démentir les assertions de l'ex-colonisateur qui a toujours confondu son oeuvre de destruction avec l'émancipation des Algériens. L'oeuvre civilisatrice de la France coloniale en Algérie n'est qu'une grande supercherie qui cache mal le génocide entrepris durant plus d'un siècle. Le président Bouteflika considère le dossier des archives détenues par l'ex-puissance coloniale, sans la citer, comme «l'un des constituants de la souveraineté nationale et toute quête en vue de sa restauration et son classement est une oeuvre de recouvrement de cette souveraineté». Parce que l'Algérie qui entrevoit l'avenir par la grande porte n'a pas cessé de regarder le passé qu'elle n'a jamais considéré comme une période terminée car l'histoire est un enchaînement de différentes périodes de luttes difficiles qui constituent l'éclairage de son passé. Sur la même lancée, le président de la République met en évidence ce qui est attendu de tous, c'est-à-dire l'ensemble des acteurs de la société sans exception, pour reconstituer cette mémoire sujette à la déperdition à travers un effort d'ensemble pour la collecte de documents historiques pour les mettre à la disposition des historiens et des chercheurs assoiffés d'écrire l'histoire de notre nation. Une oeuvre difficile qui demande beaucoup d'efforts parce qu'elle est liée à plusieurs facteurs. Le président profite de cette occasion pour rappeler la responsabilité des organismes des archives des pays arabes dans cette oeuvre de récupération du patrimoine de différentes parties ayant injustement mis la main sur cette richesse nationale.
