Les Etats-Unis réunissaient, hier, en Allemagne une quarantaine de pays alliés pour armer davantage l'Ukraine face à l'opération spéciale russe, Moscou mettant en garde contre un risque «réel» de Troisième guerre mondiale. Alors que le conflit en Ukraine génère des tensions sans précédent entre la Russie et l'Occident, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a agité la menace d'une extension du conflit pouvant dégénérer en guerre mondiale. «Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer», a-t-il dit, cité par l'agence Interfax, au lendemain d'une visite en Ukraine des responsables américains des affaires étrangères et de la défense, Antony Blinken et Lloyd Austin. Celui-ci a réuni, hier, sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, les représentants d'une quarantaine de pays pour «générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes», selon le chef du Pentagone. «Ils peuvent gagner s'ils ont les bons équipements, le bon soutien», a affirmé Austin. Les Etats-Unis ont annoncé lundi une nouvelle aide militaire pour l'Ukraine de 700 millions de dollars, qui porte leur assistance à 3,4 milliards. Ils fournissent désormais des armes lourdes pour tenter de stopper les forces russes qui se concentrent sur l'est et le sud de l'Ukraine. L'armée russe a indiqué avoir frappé une centaine de cibles en Ukraine lundi, notamment des installations ferroviaires dans le centre du pays. De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l'armée russe continuait de renforcer ses défenses antiaériennes et de bombarder des infrastructures. La Russie affiche son objectif de s'emparer de la totalité du Donbass, grand bassin industriel de l'est - que les séparatistes pro-russes contrôlent partiellement depuis 2014 - et de prendre le contrôle total du sud de l'Ukraine, où les combats sont aussi quotidiens. La situation semble bloquée dans le port stratégique de Marioupol, à la pointe sud du Donbass, entièrement contrôlé par les forces russes qui continuent d'y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens. Dans le reste du Donbass, l'armée ukrainienne affirme avoir repoussé une série d'attaques russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk, où beaucoup de localités, comme Roubijné, sont quotidiennement sous les bombes. Moscou a accusé Kiev d'avoir empêché les civils de quitter Azovstal. Mais l'Ukraine argue qu'aucun accord sur des couloirs humanitaires qui permettraient de les évacuer n'a été conclu avec la Russie. Les combats se poursuivent aussi dans la région de Kharkiv, dans le nord-est, avec un «encerclement partiel» de la deuxième ville du pays. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est arrivé, hier, à Moscou après s'être rendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit. Il doit se rendre ensuite à Kiev. Le président russe Vladimir Poutine devait par ailleurs s'entretenir au téléphone avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué l'agence russe Ria Novosti, citant le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé vouloir poursuivre des négociations avec l'Ukraine, mais il a accusé le président Zelensky de «faire semblant» de discuter avec Moscou. «C'est un bon acteur (...), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu'il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions», a affirmé M. Lavrov. Mais «nous continuons de mener des négociations avec l'équipe» ukrainienne «et ces contacts vont se poursuivre», a-t-il ajouté. Le conflit a anéanti toute coopération entre la Russie et les Occidentaux, qui enchaînent sanctions et expulsions de diplomates. Lundi, Moscou a riposté avec l'expulsion de 40 diplomates allemands, en représailles à une mesure similaire prise récemment par Berlin.