La Russie a ouvert mardi par une série de frappes sur l'est de l'Ukraine une «nouvelle phase» de l'opération qu'elle a déclenchée en février, peu avant que les Etats-Unis n'annoncent l'envoi d'avions de chasse pour renforcer l'aviation ukrainienne, une demande réitérée par Kiev depuis des semaines. «Aujourd'hui, ils ont à leur disposition plus d'avions de chasse qu'il y a deux semaines», a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, lors d'un point de presse. «Sans entrer dans les détails sur ce que d'autres pays fournissent, je dirais qu'ils ont reçu des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte», a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il s'agissait d'appareils de fabrication russe. Kiev réclamait de ses partenaires occidentaux des Mig-29 que ses militaires savent déjà piloter, et dont disposent une poignée de pays d'Europe de l'Est. Cette aide militaire occidentale intervient au moment où la Russie se lance dans une nouvelle phase de son «opération militaire spéciale», entamée le 24 février, désormais concentrée sur l'est de l'Ukraine. Mardi, les Russes avaient «intensifié leur offensive» le long de la ligne de front dans l'est du pays. Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé de son côté qu'une «nouvelle phase de l'opération» militaire russe avait commencé. Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a dit suivre le «plan de libération» des «Républiques» séparatistes pro russes de Donetsk et Lougansk (est de l'Ukraine), établi par le président Vladimir Poutine qui a reconnu leur indépendance. Les forces aériennes russes ont tiré des «missiles de haute précision» et neutralisé 13 places fortes de l'armée ukrainienne, a affirmé son ministère, appelant les Ukrainiens à la reddition. «Ne tentez pas le destin, prenez la seule décision correcte, celle de cesser les opérations militaires et déposez les armes», a dit le ministère de la Défense, dans un communiqué. Des combats ont lieu également à Roubijné (15 km à l'est de Kreminna) et à Popasna (75 km au sud).L'armée russe «concentre ses efforts» pour s'emparer de Marioupol (sud-est), Popasna, Roubijné, Severodonetsk - tout près de Lyssytchansk, dont le maire Oleksandr Zaïka a qualifié sur Telegram la situation de «très, très tendue». Moscou a cependant annoncé avoir ouvert un couloir pour permettre aux forces ukrainiennes ayant décidé de se rendre de sortir de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov, assiégé depuis début mars par les troupes russes. Dans cette ville, les combats se concentrent autour du complexe métallurgique d'Azovstal où Moscou affirme qu'il n'y a pas de civils présents. La Russie, qui a appelé mardi les défenseurs de Marioupol à cesser «leur résistance insensée» après un premier ultimatum dimanche, est déterminée à s'emparer de ce port. Cette prise stratégique lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, annexée en 2014, et les Républiques séparatistes pro russes du Donbass. «Cinq militaires ukrainiens ont déposé les armes et ont quitté de leur propre gré l'usine d'Azovstal», où les ultimes défenseurs de Marioupol sont retranchés, ont déclaré dans un communiqué les autorités séparatistes de Donetsk.Dans un autre communiqué publié mardi soir, les séparatistes ont déclaré que 140 civils avaient été évacués de la ville. Sur le terrain, la Russie a aussi fait état de dizaines d'autres frappes de missiles dans le sud de l'Ukraine, autre ligne de front. Moscou, qui occupe déjà la ville de Kherson, «concentre ses forces» pour avancer vers la région de Mykolaïv, plus à l'Ouest. La guerre en Ukraine, qui a poussé près de cinq millions d'Ukrainiens à fuir leur pays, a déclenché des «ondes sismiques» pour l'économie mondiale, a prévenu mardi Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI). La croissance de l'UE devrait notamment ralentir à 2,8% cette année, celle des Etats-Unis à 3,7% (-0,3 point). L'économie russe, soumise à des sanctions occidentales inédites, devrait elle se contracter de 8,5%, et le PIB ukrainien chuter de 35%.