Le chef de parti est appelé à faire face à la contestation des militants, couvée pour une durée courte avant de rebondir le 9 décembre. L'avenir politique de M.Boudjerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix MSP, au sein du gouvernement sera scellé le 1er février par le conseil consultatif du parti qui se réunira, en session ordinaire pendant trois jours, du 30 janvier au 1er février. C'est ce qu'a déclaré, hier, à L'Expression, M.Abderrahmane Saïdi, vice-président du parti. Ce point ne sera pas le seul inscrit à l'ordre du jour certes, tient à insister notre interlocuteur, mais il constituera sans nul doute, le principal dossier sur lequel sera focalisé l'intérêt des militants. La question fait, actuellement, l'objet de débat au sein des instances du parti. Mais seul le conseil consultatif a les prérogatives de la trancher. «Il n'y a aucun sujet tabou, encore moins des lignes rouges interdites au Madjliss Echoura. A l'image des questions phares de l'actualité nationale qui seront débattues à l'intérieur de cette instance souveraine. La présence de notre frère Soltani dans le gouvernement sera discutée en toute franchise et objectivité, loin des compassions et des sentiments personnels». Au sein du MSP, les positions se distinguent. Entre une partie qui opte pour la démission du ministre d'Etat, et une autre qui prête une lecture différente au discours du chef de l'Etat, arguant que les critiques du président ne visaient pas leur leader. En effet, tout a commencé le 9 décembre dernier lors de la réunion gouvernement-walis, présidée par le chef de l'Etat. Une rencontre ordinaire a priori, dont l'objectif était d'évaluer les projets lancés à travers le territoire national. Le chef de l'Etat prend de court tout son monde en lançant des critiques sévères à l'égard de Soltani, mais sans pour autant le nommer. «Que ceux qui détiennent des dossiers sur la corruption les présentent à la justice, accompagnés de preuves tangibles. Dans le cas contraire, je vais ordonner à l'appareil judiciaire d'actionner des poursuites contre elles». Soltani était invité le jour même à choisir son camp politique: «Je ne permettrai jamais à nos partenaires dans le pouvoir de noircir l'image du pays. C'est inadmissible».Visiblement choqué par les mises en garde du chef de l'Etat, Soltani a opté pour le silence. La question devient une affaire interne à ce parti islamiste. Encore une fois, Soltani est appelé à faire face à la contestation des militants, couvée pour une durée courte avant de rebondir le 9 décembre. Plusieurs cadres étaient contre la désignation de Soltani à l'Exécutif, le conseil consultatif a fini par donner raison à ce dernier. Pour certains observateurs, les contestataires sont en phase de prendre leur revanche. Soltani va-t-il céder? Sinon, à quel prix? Le 30 janvier, le conseil consultatif va aborder un autre dossier sensible ayant trait à la candidature des élus ayant plus de deux mandats aux prochaines échéances électorales. Le président du parti opte pour le renouvellement et estime que cette catégorie doit céder ses sièges aux autres militants. Une position rejetée par nombre d'élus, lesquels ne vont pas hésiter, selon certaines indiscrétions, à jouer cette carte comme moyen de pression. Il y a une donne qu'il ne faut pas perdre de vue. Le remaniement ministériel pourrait intervenir vers la fin de la semaine, dans le cas où le président du MSP est remercié, cette carte n'aura plus aucune valeur. Tout compte fait, le parti n'a pas l'intention de faire marche arrière sur le dossier de la corruption. Le conseil consultatif compte aborder l'initiative «corruption stop». Pour certains, le maintien de ce point à l'ordre du jour constituerait un appui fort à Soltani. Abderrahmane Saïdi, développe une autre opinion. «Le maintien ou le départ de Soltani a un caractère politique très important pour le parti», insiste-t-il. Laissant entendre que le dossier échappe à la volonté de Soltani. Notre source dément l'existence de dissidence à l'intérieur du MSP: «Il est vrai qu' il y a des positions contradictoires, parfois complètement opposées sur plusieurs dossiers qu'on souhaiterait traiter dans les instances du parti, mais en aucun cas, cela ne peut être assimilé à une dissidence». Soltani, élu par le congrès, préservera son poste au sein du parti. C'est là une évidence, soulignent nos sources. Par ailleurs, les membres du conseil consultatif débattront de la révision de la Constitution. Dans ce chapitre, il faut noter que le Madjliss Echoura a laissé ouverte sa session entamée au mois de juin 2006 pour justement se réunir dans le cas où le président convoquerait le corps électoral. Elle sera clôturée le 29 janvier pour permettre l'ouverture d'une nouvelle session le 30: «Il était nécessaire pour nous d'inscrire ce point, surtout avec les récentes déclarations du chef du gouvernement qui a assuré que le référendum se tiendra au courant de cette année.» indique M.Saïdi. Cette session, qui se tient à quelques mois des législatives et des locales, sera une occasion pour tracer la stratégie du parti, mais avant cela, les bureaux politiques et organiques devront présenter leur rapport à l'adoption. Il contiendront les bilans financier et moral de l'année 2006.