La junte militaire au pouvoir, depuis août 2005, met en place les institutions démocratiques du pays. Aujourd'hui, les Mauri-taniens sont conviés à élire la nouvelle Assemblée nationale de 95 sièges ainsi que 219 conseils municipaux. Ainsi, le processus transitoire est engagé qui doit, à terme, doter la Mauritanie d'institutions démocratiques garantissant la mise en place de la bonne gouvernance et de la transparence politique. Les élections sénatoriales prévues en janvier prochain et le scrutin présidentiel de mars 2007 parachèveront le processus de retour du pouvoir aux civils comme l'avait promis le colonel Ely Mohamed Ould Vall, lors de sa prise de pouvoir, en août 2005. En élisant leurs députés et leurs conseillers municipaux, les Mauritaniens franchiront, aujourd'hui, une nouvelle étape du retour à la normale. 1,07 million de personnes sont appelées à voter, aujourd'hui, dans les 2336 bureaux prévus à cet effet. Le scrutin municipal et législatif vient après le référendum sur la nouvelle Constitution, largement plébiscitée, qui a doté le pays d'une loi fondamentale, plus en phase avec l'instauration de la démocratie. Cette réappropriation du pouvoir par les citoyens mauritaniens vient après la déposition, le 3 août 2005, de l'ancien président Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya, au pouvoir, depuis 1984, consécutivement à un coup d'Etat. Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmjd), qui a pris le pouvoir en 2005, s'est donné pour objectifs prioritaires l'assainissement de l'administration et l'instauration de la bonne gouvernance, buts qui, semble-t-il, sont en voie d'être réalisés, à voir la démarche responsable avec laquelle les autorités transitoires de Nouakchott ont mis en place la restructuration diligentée par le colonel Ely Mohamed Ould Vall, chef du Cmjd, lequel s'est employé, depuis une quinzaine de mois, à la mise à niveau du pays. Les membres du Cmjd et du gouvernement mauritanien ne peuvent être candidats à aucune des séries de scrutins organisés dans le processus de retour du pouvoir aux civils. En revanche, le gouvernement mauritanien transitoire s'est efforcé de mettre tout en oeuvre pour assurer des élections transparentes, libres et équitables. A cet effet, 200 observateurs étrangers et 300 nationaux suivront le scrutin et superviseront les différents bureaux de vote. Une trentaine de partis politiques ont été admis à présenter des candidats. Aucun parti islamique ne participe à la consultation, toutefois, les islamistes modérés ont été autorisés à se présenter en tant qu'indépendants. Des islamistes regrettent, cependant, ce choix de l'étiquette «d'indépendants» qui va induire un éparpillement peu propice aux objectifs qu'ils se sont fixés, selon quelques uns de leurs représentants les plus en vue. En effet, les «islamistes modérés» ont été autorisés à intégrer la bataille électorale pour la première fois depuis l'indépendance du pays, mais selon les règles instaurées par les nouvelles autorités transitoires du pays qui leur ont interdit de se constituer en parti, estimant qu'ils ne pouvaient être seuls «dépo-sitaires de l'islam», qui est à la base de la Constitution de la République islamique de Mauritanie. Malgré les restrictions imposées aux islamistes, le processus enclenché par la junte militaire semble, toutefois, en bonne voie comme l'indique la campagne électorale, qui s'est achevée vendredi sans incidents notables. Des formations politiques craignent, cependant, que la participation des électeurs au scrutin ne soit pas à la hauteur des attentes des initiateurs du changement. Dans ces joutes électorales new-look, les anciens partis de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), l'Alliance populaire progressiste (APP), et l'Union des forces du progrès (UFP), se présentent comme les probables bénéficiaires de la nouvelle donne mauritanienne. Toutefois, l'ancien parti au pouvoir, le Parti républicain pour la démocratie et le renouveau (Prdr), malgré les défections qu'il a subies, reste bien implanté et peut encore brouiller les cartes. Notons enfin, une disposition de ces élections qui doit garantir une représentation d'au moins 20% des sièges aux femmes dans les futurs conseils municipaux et à l'Assemblée nationale. Un deuxième tour pour les législatives est prévu le 3 décembre prochain avant les sénatoriales de janvier alors que le scrutin présidentiel clôturera en mars le processus du changement mis en branle par la junte militaire.