La conférence du forum d'El Moudjahid organisée, hier, pour commémorer la mémoire du grand révolutionnaire que fut Mohamed Boudiaf, était très loin d'être à la hauteur de l'événement. La raison tient dans le fait que la majorité des invités, amis et proches du chahid, étaient absents. Les présents, qui se comptaient sur les doigts, n'ont pas caché leur déception. Pourtant, seulement 14 ans sont passés depuis l'assassinat du président du Haut Comité d'Etat. Selon les présents, minimiser un tel événement est une insulte à la mémoire d'un homme dont le parcours a marqué l'histoire du pays. L'historien Mohamed Abbas et le chercheur et représentant de la fondation Boudiaf, le professeur Kamel Senhadji, ont essayé, malgré cela, d'animer la conférence en apportant leurs témoignages de reconnaissance au chahid. «Nous regrettons l'absence de certains invités qui ont connu le défunt», a souligné le professeur Senhadji. Mohamed Boudiaf est celui qui a su en six mois, gagner la confiance des Algériens, ont-ils relevé. Il était assassiné le 29 juin 1992 après avoir tendu sa main. «Il était venu avec un projet civilisationnel. Il avait misé sur les jeunes et la science. D'ailleurs la dernière phrase qu'il a prononcée avant sa mort est: les autres pays nous ont dépassés scientifiquement», a souligné M.Senhadji. M.Abbas a rappelé, pour sa part, le parcours historique du chahid Boudiaf. Coordinateur des six leaders historiques, Boudiaf réussit à convaincre les centralistes de la nécessité d'accélérer le déclenchement de la Révolution armée. Mohamed Boudiaf s'engage très tôt dans la résistance. Emprisonné en 1950, il réussit à s'évader et entre dans la clandestinité. Il était co-fondateur de l'Organisation spéciale (OS) et du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua). Il est l'un des six chefs qui déclenchèrent l'insurrection du 1er novembre1954. Il est libéré après les Accords d'Evian le 18 mars 1962. Il entre rapidement en conflit avec Ben Bella et fonde, en septembre, un parti d'opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS). Inconnu au soir du 11 janvier 1992 par la majorité des Algériens qui le découvraient pour la première fois sur l'écran de la télévision, Boudiaf est devenu, en moins de six mois, dans une Algérie qui avait perdu tous ses repères, un responsable avec qui l'espoir était possible. Son charisme exceptionnel doublé de sa sincérité a capté l'attention des Algériens, particulièrement des jeunes qui rêvaient de mythiques bateaux d'Australie.