Le dernier rapport de conjoncture de la Banque mondiale sur l'Algérie confirme tout le bien que pensent beaucoup d'économistes sur le pays. Désendettée, un commerce extérieur excédentaire et une balance des paiements, parmi les meilleures de la planète, l'économie nationale n'est certainement pas au bord du précipice, bien au contraire. La Banque mondiale constate d'ailleurs une véritable résilience du pays qui a su rapidement rebondir après la pandémie de Covid-19 qui n'a épargné personne. Tout en recommandant un renforcement de ladite résilience «pour mieux faire face aux chocs futurs», l'institution de Bretton Woods reconnaît clairement que la machine économique n'est pas seulement tractée par la rente énergétique. Le rapport constate en effet que «le segment hors hydrocarbures de l'économie devrait retrouver son niveau pré-pandémie en 2022». Il y a là une reconnaissance de l'adaptabilité de l'Algérie face à une situation exceptionnelle. Aussi la BM s'attend-elle à des soldes extérieurs et budgétaires en nette amélioration cette année. Mais malgré la reprise rapide, «le PIB hors hydrocarbures est resté inférieur de 1,6% à son niveau de 2019, et l'inflation a continué d'augmenter, en partie en raison de facteurs à l'échelle internationale», souligne la BM qui retient que «les autorités ont réagi en mettant en oeuvre un ensemble de mesures destinées à limiter l'impact de la hausse des prix sur le pouvoir d'achat des ménages, dont notamment l'introduction d'une allocation chômage pour les personnes à la recherche d'un premier emploi». De fait, l'inflation est nettement moins ressentie qu'ailleurs, dans la région Mena et même en Europe. Il reste que le PIB a été tiré vers le haut par «l'augmentation de la production et des exportations d'hydrocarbures», note le rapport qui indique que «l'Algérie a retrouvé son niveau pré-Covid au quatrième trimestre de 2021». L'institution de Bretton Woods constate également que «le secteur des hydrocarbures et celui des services, qui a affiché une reprise plus marquée, ont été les principaux moteurs de la croissance économique algérienne, l'année dernière». Les bons points qu'aligne l'économie nationale ne constituent pas une fin en soi, relève Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, soutenant que «malgré le rebond, des défis subsistent, qui sont en outre aggravés par la forte volatilité des prix du pétrole et une dynamique économique mondiale incertaine». Hentschel recommande «la poursuite des efforts de réforme visant à stimuler l'activité du secteur privé sera essentielle pour stimuler une croissance inclusive et créer des emplois». Les prévisions de la BM demeurent positives pour l'année en cours, puisqu'elle considère que «la reprise économique de l'Algérie se poursuivra en 2022». Ce qui est gratifiant pour l'Algérie tient au fait que cette reprise est la conséquence du «rétablissement du segment hors hydrocarbures de l'économie à son niveau d'activité pré-pandémie». Cela étant, la part des hydrocarbures demeure importante. Les exportations «devraient se maintenir à un niveau élevé, générant un surplus du compte courant et une hausse marquée des recettes budgétaires», lit-on dans le rapport. Un petit point à l'horizon est une prévision de «baisse des prix et des volumes des exportations d'hydrocarbures anticipée pour 2023-2024, dans un contexte d'incertitude quant à l'évolution de l'économie mondiale». Cet évènement pourrait entraîner, selon la BM «une détérioration graduelle des équilibres extérieurs et budgétaires».