Le cabinet israélien a donné, hier, le feu vert à l'armée pour porter son offensive en profondeur dans la bande de Ghaza. La «zone de sécurité» qu'Israël veut établir au nord de la bande de Ghaza est en fait un premier pas pour la réoccupation de ce territoire palestinien d'où s'est retirée l'armée israélienne durant l'été de l'année dernière. Parallèlement aux tirs intensifs de l'artillerie israélienne contre la zone sus-citée, sous couverture de l'aviation, les autorités israéliennes ont ‘'autorisé'' l'armée à encercler les camps de Beit Hanoun et Beit Lahiya, afin, explique un officier israélien, de «créer un couloir coupant ces localités de la ville de Ghaza». Cette «zone de sécurité» qui est en fait une réoccupation qui ne dit pas son nom est un nouveau pas dans l'escalade d'Israël à Ghaza en mettant dans l'opération tout le poids de son potentiel militaire pour contribuer à faire plier les Palestiniens, assimilés dans leur ensemble, à des ‘'terroristes''. Ce nouveau développement de la crise induite par la capture du soldat Gilad Shalit, a fait dire au négociateur palestinien Nabil Chaath qu'«Israël se sert des derniers événements comme prétexte pour imposer des faits accomplis. Une zone de sécurité ne résoudra pas le problème mais au contraire contribuera à davantage d'escalade et de complications». Allant encore plus loin dans sa volonté de mater les Palestiniens, le cabinet israélien a donné, hier, le feu vert à l'armée israélienne pour des offensives «prolongées en profondeur» à l'intérieur de la bande de Ghaza pour, indique le communiqué du gouvernement israélien, «ramener sain et sauf le soldat» capturé le 25 juin et «stopper des tirs de roquettes». Pour cela, Israël est prêt à détruire toute la bande de Ghaza, s'il y a lieu, comme l'ont déjà montré les destructions délibérées des infrastructures économiques, administratives et universitaires de Ghaza, alors que l‘aéroport palestinien de Rafah est sous le contrôle de l'armée israélienne depuis le début des offensives contre ce territoire palestinien mercredi dernier. Selon le même communiqué du cabinet israélien, publié hier, l'armée a reçu pour ordre de se préparer à une «action prolongée et graduelle» pour «aboutir à ces objectifs». L'armée d'occupation devra «limiter la liberté de mouvement» des groupes armés en «continuant à tronçonner la bande de Ghaza et en frappant les infrastructures terroristes» (Cf, ce qui met la centrale électrique de Ghaza, détruite jeudi, et l'université de la même ville, bombardée lundi, au rang de «groupes terroristes», selon la lecture que fait Israël de tout ce qui est palestinien). Par ailleurs, le cabinet israélien autorise la poursuite des «opérations ciblées» contre tout tireur palestinien et à intensifier «la campagne contre le mouvement islamiste Hamas» en Cisjordanie ainsi que dans la bande de Ghaza. Ces dispositions drastiques n'ont cependant pas empêché des roquettes de tomber, mardi, au coeur de la ville d'Ashkelon, au sud de Tel Aviv, ce qui a fait sortir hors de ses gongs le Premier ministre israélien Ehud Olmaer qui a déclaré que «ce tir au coeur d'Ashkelon est un événement très grave qui constitue une escalade d'une gravité sans précédent dans le terrorisme du Hamas qui dirige l'Autorité palestinienne». La valeur qui est ainsi accordée à la vie et aux infrastructures palestiniennes est reflétée par les propos du chef du gouvernement israélien qui considère normal et dans l'ordre des choses de détruire un territoire et d'affamer sa population mais d'une «gravité sans précédent» le fait qu'une roquette tombe sur une ville israélienne. Dès lors, la question de savoir s'il pourrait jamais y avoir la paix entre Israël -qui ne respecte pas les Palestiniens en tant qu'adversaires, aujourd'hui, mais voisins de toujours comme l'impose la configuration géographique des deux territoires- et les Palestiniens devient le noeud gordien du contentieux israélo-palestinien, face au triple refus israélien: refus de reconnaître la juste lutte des Palestiniens pour leur indépendance, refus de reconnaître un Etat palestinien aux côtés d'Israël, refus d'établir des relations apaisées et équilibrées avec les Palestiniens qui sont et resteront, quoi qu'en pensent les Israéliens, à jamais leurs voisins. L'affaire du soldat Gilad Shalit n'est en réalité qu'une péripétie du conflit israélo-palestinien et n'aurait pas dû détruire, comme s'ingénie à le faire le gouvernement d'Ehud Olmert, les années d'efforts consentis de part et d'autre pour parvenir à une solution qui corresponde aux demandes des deux parties. Ce qui est regrettable, aussi, est le fait que la «communauté internationale», y compris les Nations unies, focalise sur la seule libération du soldat israélien donnant de fait quitus aux dépassements inacceptables et condamnables d'Israël par le préjudice fait au peuple palestinien et par les dégâts commis aux infrastructures palestiniennes.