À Souk Ahras, il y a seulement des cafés qui pullulent comme des champignons. La hausse du thermomètre, l'absence d'infrastructures, l'ennui et l'oisiveté qui guettent le quotidien des jeunes chômeurs, il faut le dire, c'est l'image de l'été 2006 à Souk Ahras. En cette période des grandes chaleurs, cette ville est comme tétanisée par une canicule suffocante qui sévit dans la journée et ses habitants n'ont de «salut» qu'en fin d'après-midi où ils commencent à revivre, en l'absence de lieux de distraction, parc d'attraction, piscine et un chômage patent. Dès le lever du jour, les jeunes âgés entre 20 et 31 ans ont une seule destination pour combler le vide: le seul coin servant de refuge demeure le café pour d'interminables parties de dominos car ils n'ont pas où aller. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à Souk Ahras, il y a seulement des cafés qui pullulent comme des champignons. Une longue léthargie culturelle perdure, l'animation est au point mort ; à midi, les rues de la ville deviennent désertes, la chaleur atteint son pic, les désoeuvrés, pour la plupart, préfèrent faire sagement du cocooning chez eux, histoire de fuir le soleil de plomb qui écrase la cité. L'après-midi, plus précisément, vers 16h, la Coupe du monde de football occupe le devant des jeunes et, il faut le dire, il n'y a que cette discipline qui a mis tout le monde dans un état de liesse et les gens ne parlent que de la Coupe du monde de football 2006. L'installation par les pouvoirs publics de deux écrans géants à la place Thagaste a donné une ambiance vertigineuse. Les jeunes qui n'ont pas acheté la carte ART pour suivre le Mondial, prennent d'assaut les cafés maures de la ville tout l'après-midi pour ne pas rater l'événement. Pendant la soirée, les gens sortent pour faire des balades et profiter de la fraîcheur nocturne à la recherche du moindre coin frais, ou du moins, occuper une table pour se rafraîchir sur les terrasses des cafés aménagées en cette période estivale. Lorsqu'arrive le moment de rejoindre ses pénates, la foule bigarrée se disloque petit à petit, une ou deux petites heures avant que ne pointent les rayons brûlants d'une nouvelle journée qui sera en tous points, pareille à celle qui se meurt, voilà à quoi ressemble l'été 2006 à Souk Ahras.