Le parti de Hocine Aït Ahmed craint que le FLN et le RCD ne lui volent la vedette. La visite de François Hollande en Algérie, et de surcroît à l'invitation du parti du FLN, doit faire grincer des dents du côté du boulevard Souidani-Boudjemaâ. En effet, au siège du FFS, le ton est plutôt serein. Même si officieusement on s'interroge sur les dessous de cette visite, qui faut-il le rappeler, intervient à quelques mois seulement de l'élection présidentielle de 2007 en France. A la direction du FFS c'est le silence radio. A notre question de savoir quelle lecture fait-il de cette visite, Karim Tabou, secrétaire national à l'information au FFS, sans doute pris à froid, rétorque: «Je vous rappellerai». Ce qui ne fut pas le cas, car la «promesse» ne sera pas tenue. Jusque-là, seul parti algérien à l'Internationale socialiste, le parti de Hocine Aït Ahmed craint que le FLN et le RCD, avec lesquels le premier secrétaire du Parti socialiste français doit s'entretenir lors de son séjour, ne lui volent la vedette. A noter que ces deux formations politiques avaient introduit une demande d'adhésion à l'Internationale socialiste. Pourtant, il y a quelques années, ce sont paradoxalement ces mêmes formations politiques, qui, aujourd'hui font les yeux doux à l'IS, tiraient à boulets rouges sur le plus vieux parti de l'opposition, notamment pour sa thèse du «qui tue qui»? Qu'est-ce qui aurait donc changé pour que le premier secrétaire du PS, camarade du FFS au conseil de l'Internationale socialiste, réponde volontiers à l'invitation du parti du FLN. La réponse est, a priori, simple: d'abord parce que le FLN est le parti majoritaire, et par conséquent sa rencontre revêt un caractère officiel. Par ailleurs, la nette évolution qui a été enregistrée sur le plan politique avec la mise en oeuvre de la réconciliation nationale, la libération des détenus d'opinion, l'amnistie en faveur des éléments armés non impliqués dans les assassinats, sont autant de facteurs ayant pesé sur la décision du secrétaire du PS. Bien entendu, les dividendes que ce dernier et son parti doivent tirer de cette visite ne sont pas à négliger. D'autant plus que la contribution de la communauté algérienne établie en France, à l'accession du candidat(e) socialiste à l'Elysée est convoitée par les socialistes, conscients du poids des banlieues et de l'électorat immigré dans les joutes électorales de 2007. La conjoncture des années 90 n'est donc pas la même, et le FFS en est conscient. Tant de dossiers qu'il aura à examiner lors de son prochain congrès ordinaire qui s'est apparemment heurté à des problèmes d'ordre organisationnel. Un rendez-vous que, la formation de M.Aït Ahmed, depuis quelque temps à court d'alternatives, mettra sans doute à profit pour resurgir. Un autre élément et non des moindres à avoir opéré ce rapprochement entre le FLN et le PS, c'est le sujet phare dans les relations algéro-françaises, à savoir le dossier de la colonisation. En effet, le discours adopté par François Hollande, par rapport à cette question, marque une rupture radicale avec les thèses de droite. D'ailleurs, Hollande est allé jusqu'à insinuer que, si la gauche arrivait au pouvoir, la France demandera pardon au peuple algérien. Ce qui permettra de concrétiser le traité d'amitié tant escompté entre les deux pays. Il est somme toute clair que l'Internationale socialiste n'est plus la chasse gardée du FFS, même si ce dernier à travers son leader charismatique et néanmoins l'un des rares historiques de la guerre de Libération, encore en vie, a contribué à faire avancer le processus démocratique en Algérie. Même si, bien entendu, ses thèses ont fait l'objet d'une levée de boucliers.