La démesure dont fait montre Israël dans les territoires palestiniens et au Liban est la conséquence de la capitulation du monde. La démesure dans les représailles, observée dans la bande de Ghaza avec la destruction systématique -par l'artillerie et l'aviation israéliennes- des infrastructures administratives et économiques palestiniennes, outrance qui s'est reproduite au Liban (sous blocus aérien, maritime et terrestre depuis mercredi) avec le pilonnage des ponts reliant le sud du Liban à Beyrouth, par le bombardement de l'aéroport international de la capitale libanaise, de même que par les tirs d'artillerie sur des objectifs économiques libanais est l'une des caractéristiques de la politique israélienne envers les Palestiniens et le Liban. Il est patent que cette politique de la terre brûlée, mise en oeuvre par le gouvernement du Premier ministre israélien Ehud Olmert, a pour seul objectif de couper les ponts avec les interlocuteurs potentiels d'Israël que sont les résistances palestinienne et libanaise, Israël voulant, à l'évidence, atteindre le point de non-retour en s'en prenant de façon aussi systématique aux économies palestinienne et libanaise. Si aujourd'hui Israël a choisi une réplique massive et disproportionnée aux attaques du Hamas et du Hezbollah -attaques qui entrent de plain-pied avec une politique de domination et de colonisation des territoires palestiniens et du Sud-Liban (fermes de Chabaâ) qui ne peuvent que susciter la résistance qu'Israël se plaît à qualifier de terrorisme- cela est dû essentiellement au laxisme de la «communauté internationale» envers l'Etat hébreu-exonéré de tout respect du droit international comme d'honorer ses engagements en faveur de la paix de même que, d'une manière générale, la démission de cette «communauté» dite internationale face au diktat israélien. Le monde des puissants -l'Union européenne et les Etats-Unis notamment- qui ont les moyens de solutionner le conflit du Proche-Orient (quatre d'entre ces puissances, -Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Russie- concernées directement ou indirectement par le dossier israélo-palestinien sont membres permanents du Conseil de sécurité et siègent au Quartette, -USA, ONU, Russie et UE- supposé trouver une issue à ce conflit) se sont complus tout au long de ces décennies à ne pas embarrasser l'ogre israélien qui impose au monde sa seule lecture du contentieux israélo-arabe. Le résultat de cette démission collective est là, macabre et tragique, avec les centaines de morts innocents, dramatique avec la destruction des immeubles et infrastructures administratives, économiques, routières aéroportuaires dans la bande de Ghaza et au Liban quand ladite «communauté internationale» se mure dans un silence qui ne peut être que complice. Ni les Etats-Unis, qui ont toujours mis en avant le «droit» d'Israël à «se défendre», ignorant que ce droit devient caduc face à l'occupation par Israël de territoires qui ne lui appartiennent pas, ou l'Union européenne qui, au mieux, joue à l'autruche, au pire, condamne les opérations des résistances palestinienne et libanaise, tout en faisant l'impasse sur les exactions de l'armée israélienne -contre les peuples palestinien et libanais- n'ont proposé des solutions pour sortir du cercle vicieux qui empoisonne le Moyen-Orient depuis plus d'un demi-siècle. Depuis trente neuf ans et la guerre de Six jours (5 juin-12 juin 1967 qui s'est traduite par l'occupation de la bande de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est) Israël a tout fait pour rendre son occupation des territoires palestiniens irréversible (par notamment l'implantation de colonies de peuplement juives) sans que la «communauté internationale» mette en garde sur les conséquences à long terme que pouvait induire une telle politique. Cela n'a pas été fait, Américains et Européens condamnant automatiquement les opérations palestiniennes sans jamais remettre en cause la raison même de ces actions, l'occupation des territoires palestiniens et la politique de leur transformation engagée par Israël, politique qui rendait chaque jour l'érection d'un Etat palestinien, viable et fiable, problématique. Au long de ces années alors qu'Israël a exercé la seule politique de la force et de l'écrasement de la résistance palestinienne, aucune voix -singulièrement celles qui pouvaient être écoutées par Tel-Aviv- ne s'est élevée pour ramener l'Etat hébreu à la raison et lui indiquer où se trouvait son intérêt. Bien au contraire, on a laissé faire Israël qui menaçait tous azimuts les peuples et pays de la région -y compris de faire usage de l'arme atomique contre les installations nucléaires iraniennes- sans que personne ne fasse pression sur Israël ou demande aux dirigeants israéliens de se calmer. L'outrance dans les représailles dont fait montre le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui a, hier encore, donné ordre de poursuivre les exactions contre la bande de Ghaza et le Liban, dénote du peu de cas qu'il fait des appels «à la retenue» lancés par l'Union européenne et les Etats-Unis, sans doute effrayés par la démesure des frappes, notamment contre le Liban, qui peuvent ouvrir la voie à une quatrième guerre israélo-arabe au Proche-Orient. Mais Ehud Olmert, qui vit dans l'ombre du fantôme d'Ariel Sharon, veut exister par lui-même et veut montrer, ou prouver, qu'il est capable des mêmes atrocités contre les Palestiniens et les Libanais, que son prédécesseur connu aussi sous le sobriquet de «boucher de Sabra et Chatila». C'est cet Israël qui refuse la paix, synonyme de sécurité pour la communauté juive particulièrement, que Washington protège et encourage alors qu'il a emprunté une voie qui ne peut mener qu'à l'impasse avec au bout du compte de nouveaux carnages perpétuant un cycle qui ne peut connaître de fin que par le retrait d'Israël des territoires arabes occupés (la bande de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est dans les territoires palestiniens, les fermes de Chabaâ au Liban et le plateau du Golan en Syrie). C'est facile à comprendre mais qui osera dire à Israël que la paix a un prix à payer: l'échange de la terre contre la paix et la sécurité.