Que peuvent faire les ministres arabes quand le Conseil de sécurité et le G8 se drapent dans un silence complice? Israël a déclaré la guerre au Liban et lancé un ultimatum à la Syrie. Comme à Ghaza, elle justifie les bombardements menés contre le Liban par la tentative de désarmer le Hezbollah. La riposte des Arabes est déroutante. Dès les premiers raids, l'Arabie Sadoudite se démarque en condamnant le Hezbollah qu'elle traite d'«aventuriste» L'Egypte, plus prudente, a attendu la visite du roi de Jordanie au Caire pour se ranger derrière les Saoudiens. Notons que ni Le Caire, Amman ou Nouakchott n'ont jugé, jusqu'au moment où ces lignes sont écrites, de, ne serait-ce, que rappeler leurs ambassadeurs à Tel-Aviv en signe de protestation contre la disproportion de la riposte à Ghaza et au Liban. «Les peuples arabes tenteront, tôt ou tard, de prendre leurs affaires en main si leurs gouvernements ne cherchent pas sérieusement à leur donner une lueur d'espoir», a déclaré le ministre libanais des Affaires étrangères, Fawzi Salloukh, devant ses homologues arabes. La réunion de la Ligue arabe renoncerait aussi, à appeler, à la tenue d'un sommet arabe, comme l'ont demandé l'Algérie, le Soudan et le Yémen, a indiqué la télévision égyptienne. Salloukh a précisé que le Hezbollah avait «ramené la fierté aux Arabes par ses actions audacieuses sur le terrain». Au stade où en sont les choses, la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes ne promet rien et devra sans doute s'achever comme de précédentes réunions, sans que les dirigeants arabes parviennent à un consensus sur cette douloureuse question du Proche-Orient. Les deux pays (Jordanie et Egypte, en sus de la Mauritanie) qui ont signé des accords de paix avec Israël ne peuvent en aucune manière prendre des positions hostiles à l'Etat hébreu. Le roi de Jordanie tentera de rallier à sa position son homologue bahreïni pendant que le rais du Caire essayera de son côté de convaincre les Emirats arabes unis. La réunion des ministres arabes s'est tenue à huis clos dans une ambiance marquée par des divergences profondes. Le chef de la diplomatie libanaise, Fawzi Salloukh, a appelé vendredi, ses homologues arabes à apporter un soutien «ferme et fort» au Liban, rappelle-t-on. «Nous comptons sur le soutien, la solidarité et l'aide arabe et nous ne doutons pas que tous les Arabes dénonceront ce qui se passe au Liban et dans les territoires palestiniens», a-t-il déclaré, à l'issue d'une réunion avec M.Moussa. Il a dit espérer que la réunion d'urgence de la Ligue adopterait «une résolution qui rende à la nation arabe sa grandeur». L'Algérie, qui est représentée par le ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a demandé la réunion du Conseil de sécurité qui, à l'issue d'une session houleuse s'est abstenu de demander le cessez-le-feu. Le président américain George W.Bush a exigé hier du Hezbollah qu'il dépose les armes et cesse ses attaques sur Israël. Il a également appelé la Syrie à «exercer son influence» sur les miliciens libanais pour les convaincre de cesser de lancer des opérations contre Israël. Le G8, en réunion à Saint-Pétersbourg, autant que l'ONU et les ONG évoquent peu la condamnation de l'agression israélienne contre la Palestine et le Liban. «Vous vouliez une guerre ouverte, vous l'aurez», avait dit vendredi soir le chef du Hezbollah, cheikh Nasrallah. «Regardez au large de Beyrouth et vous verrez qu'un bâtiment de guerre israélien est en feu. Nos combattants ont réussi à atteindre et détruire un navire de guerre israélien», avait affirmé Hassan Nasrallah, vendredi soir dans ce discours. Désormais, Hassan Nasrallah se présente en chef de guerre. Il personnifie, à lui seul, la résistance à l'agression israélienne, au grand dam des dirigeants arabes.