La controverse ne fait que commencer et des partis se sont d'ores et déjà engagés dans la campagne. Si dans la maison FLN le débat sur la révision de la Constitution ne fait plus de vagues, ce qui conjugue un chèque en blanc remis au chef de l'Etat, chez les deux autres alliés, en l'occurrence le RND et le MSP, la prudence et les calculs dominent toute pensée. Le OK protocolaire est prononcé, mais en toile de fond il n'est pas question d'aller vers un quitus inconditionnel et sans calculs préliminaires. Le parti de Belkhadem avait commencé la campagne pour une révision constitutionnelle en solo et sans aucune consultation, ce qui a suscité, au départ, des remous et des hésitations de plusieurs organisations politiques. Certains partis sont allés jusqu'à qualifier les actions de l'actuel chef de gouvernement de propagande. Mais, depuis l'annonce publique, par le chef de l'Etat de ses intentions d'aller vers une nouvelle Constitution avant la fin de l'année, les anciens hésitants, à savoir le RND et MSP se sont enfin résignés. Ils sont désormais partants pour la révision constitutionnelle sans gaieté de coeur. Mieux encore, ces derniers se déclarent prêts à conduire la locomotive de la campagne pour le référendum qu'ils ont désapprouvé il n'y a pas très longtemps. Ce qui est étonnant encore, le Conseil de la nation, dirigé par un Bensalah qui a toujours affirmé les mêmes positions que son chef au RND, a présenté une motion de soutien pour le projet du président portant sur la révision de la Constitution. Il faut dire que plusieurs analystes disent que le projet de révision constitutionnelle est à l'origine même de la guéguerre entre le FLN et le RND qui a conduit ensuite à la démission d'Ouyahia de la chefferie du gouvernement. Au Sénat, une maison dirigée par le parti d'Ouyahia, la motion de soutien a été approuvée, rappelons-le, en l'absence de 42 sénateurs, ce qui n'a jamais été une surprise, mais plutôt une confirmation de l'intérêt qu'accordent nos sénateurs à de telles questions. Le plus surprenant dans cette affaire est que, d'après certaines rumeurs qui ont circulé, l'on attribue cette initiative au président du Sénat, Abdelkader Bensalah, qui est également, cadre dirigeant au Rassemblement national démocratique (RND), et ancien hésitant par rapport au projet de révision. Demeure méconnue la position de certaines formations, notamment celle de Louisa Hanoune. Mais l'apparition de cette dernière aux côtés des chefs de l'Alliance, lors de la Journée de solidarité avec le peuple palestinien organisée par le MSP, a donné du grain à moudre à certains observateurs. La possibilité de rejoindre la position de l'Alliance à propos de la révision constitutionnelle n'a pas été écartée. Par ailleurs, Hanoune préfère se confiner dans le «wait and see», cela, en indiquant, notamment, que tant que les contours de cette révision escomptée ne sont pas encore connus, le PT ne pourra se prononcer pour un oui ou un non. Quant à Djaballah qui se trouve depuis quelque temps dans de beaux draps, il a tenu à rappeler que son parti a de tout temps fait sienne cette révision qui est un principe admis au sein du MRN. Le président du MRN a promis «une participation positive» de son parti au débat qui se fera autour des amendements qui seront proposés une fois le texte rendu public. Enfin, le plus vieux parti de l'opposition, fidèle à ses principes s'est exprimé contre la révision des textes de la Constitution. Le FFS s'apprête même à lancer un débat avec la société civile pour «sensibiliser les Algériens au sujet des enjeux réels d'une telle démarche», déclara récemment Karim Tabou. Entre le pour et le contre, le débat ne fait que commencer.