Les dernières pluies orageuses qui ont touché le nord du pays réjouissent, certes, les agriculteurs, mais ces derniers restent sur leur soif, surtout que ces averses automnales, tardives, succèdent à un été qui a joué les prolongations. Si les précipitations sont de retour sur le Nord, le sinistre spectre de la sécheresse plane toujours. Le dernier bulletin météorologique spécial (BMS) diffusé jeudi dernier et annonçant des pluies sur plusieurs wilayas du pays est resté valable jusqu'à hier, avec des quantités estimées entre 20 et 40 mm. Des quantités qui sont loin de rehausser le niveau des barrages dont le taux de remplissage, à l'échelle nationale, était dernièrement estimé à près de 44,52%. Avec la réduction du volume des pluies, la tendance est donc à l'aridité qui touche le pays, depuis trois ans. L'Algérie, à l'instar du reste des pays du pourtour méditerranéen, vulnérables au changement climatique, en est consciente et déploie un plan ad hoc pour faire face à la rareté de l'eau. La sécurité hydrique a, par ailleurs, été au centre du 31e Sommet arabe qu'a abrité Alger en ce début novembre. Il est, désormais, question de mettre en place une stratégie arabe pour la sécurité hydrique. Les experts ont, à ce propos, indiqué que les défis sont pareils pour la majorité des pays et reposent sur la coordination, pour une prise en charge optimale du problème de gaspillage dans les systèmes d'irrigation conventionnels à forte consommation, notamment l'agriculture qui engloutit 80% des eaux. «Cela exige de faire obligation aux agriculteurs de recourir aux systèmes d'irrigation modernes, avec le financement nécessaire pour la création de tels réseaux et de recourir au traitement des eaux usées, tant dans l'agriculture que dans l'industrie», explique Salah Bouaichi, expert en économie rurale et agroalimentaire. Aussi, l'expert préconise le fait que l'action arabe devrait se concentrer sur l'introduction de solutions innovantes, à l'instar de l'acquisition de nouvelles technologies et de l'utilisation de l'énergie solaire dans l'exploitation des stations de dessalement, qui constitue l'une des principales solutions face au stress hydrique. Selon le même professionnel, les projets visant à couvrir la demande croissante en eau dans la région arabe, au cours de la prochaine décennie nécessitent environ 200 milliards de dollars pour le financement des infrastructures, «d'où la nécessité d'une approche arabe commune», a-t-il conclu Les pluies d'octobre et celles, récentes, de ce mois de novembre, bien que procurant de l'espoir, ne peuvent à elles seules étancher la soif chronique de la terre, l'Algérie étant sujette à une sécheresse endémique, ces dernières années. Ce retour timide des pluies et les quantités emmagasinées sont loin de répondre aux besoins de l'alimentation en eau potable de la population, encore moins aux dotations d'eau destinées au monde agricole. Rappelons, à ce titre, que le ministre des Ressources en eau, Karim Hasni, a estimé que «le règlement du problème de déficit en eau, en période de sécheresse notamment, passe par le recours au dessalement de l'eau de mer, ceci d'autant plus que 90% des citoyens vivent près et le long de la bande littorale». Il a fait cas, à cet effet, du lancement d'un avis d'appel d'offres pour la réalisation de trois stations de dessalement de l'eau de mer, qui s'ajouteront à quatre, actuellement en chantier et à 11 autres, opérationnelles, signalant que son département prévoit une production de deux milliards de m3 d'eau de mer dessalée, à l'horizon 2030.