D'intenses préparatifs se déroulent depuis quelques jours au niveau de la municipalité de Ghadamès, en Libye, pour accueillir le 11 janvier prochain, une rencontre capitale entre le président du Conseil présidentiel, Mohamed al-Menfi, et les présidents des deux chambres, Aguila Saleh en charge du Parlement basé à Benghazi et Khaled al-Mishri chef du Conseil suprême d'Etat. Cette réunion élargie a pour but de sortir le pays de l'ornière dans laquelle il se trouve depuis plus d'un mois, après que le projet de base constitutionnelle, indispensable à l'organisation des élections générales, eut entraîné une riposte du tandem Aguila Saleh - Khalifa Haftar qui ont annoncé une «institution constitutionnelle» rivale, à l'est du pays. Jusqu'à hier soir, il régnait néanmoins un air d'incertitude quant à la tenue effective de cette réunion, pourtant cruciale et réclamée à cor et à cri par le Conseil de sécurité de l'ONU au lendemain de la présentation d'un rapport pessimiste du représentant personnel pour la Libye du secrétaire général des Nations unies, Abdullah Bathily. La scène libyenne est habituée depuis des années à ces revirements de dernière minute qui ne sont rien moins qu'un jeu politique pour maintenir en l'état la situation de blocage dont nombreux sont les figures de la crise qui en tirent un réel profit, sur divers plans. Outre l'intérêt particulier de ces personnages, il y a, bien sûr, celui des pays qui les sponsorisent et travaillent à préserver des intérêts occultes dont les soubassements concernent en priorité le pétrole du peuple libyen. La Première ministre italienne Georgia Meloni a, pour sa part, souligné, dans un entretien avec l'agence de presse italienne Nova que «la Libye est une question cruciale» pour l'Italie qui soutient l'organisation des élections, dès que possible». Mais, ajoute-t-elle, «il y a un obstacle qui est la réécriture de la Constitution. Nous aidons aux efforts, à cet égard, parce que la Libye est essentielle et sa stabilité est très importante». De ce fait, elle plaide pour un «dialogue» qui transcende les seules parties prenantes libyennes et inclut l'ensemble des pays concernés par la crise, notamment les Etats-Unis. De son côté, le président chinois Xi Jinping a affirmé dans un message au président du Conseil présidentiel Mohamed al-Menfi la volonté de son pays de consolider et d'approfondir de relations d'amitié et de coopération avec la Libye au service des intérêts des deux peuples. L'Allemagne qui a organisé deux conférences importantes autour de la crise libyenne, sous l'égide de l'ONU et avec la participation du président Abdelmadjid Tebboune qui avait mis l'accent sur la nécessité de respecter le dialogue inclusif entre Libyens et eux seuls, sans aucune interférence étrangère, s'est exprimée sur l'enjeu des élections dans un entretien accordé par son ambassadeur à Tripoli au quotidien Al Sarq al Awsat. Rejetant l'échec de la tenue desdites élections en décembre 2021 sur les parties libyennes, principalement, il a déploré le recul de la diplomatie européenne en Libye au profit des Etats-Unis et des capitales des pays de la région, tout en saluant le travail de Abdullah Bathily. Mais, a-t-il ajouté, «les pistes des conférences de Berlin pour résoudre la crise libyenne se poursuivent» et Berlin est prêt à organiser un autre forum pour «soutenir le travail de l'ONU». En ce sens, il a plaidé pour le respect des décisions du Comité militaire mixte libyen (5+5) pour que toutes les forces étrangères et les mercenaires quittent la Libye, condition préalable pour «la restauration du monopole de l'Etat sur l'usage de la force, y compris le processus de désarmer, démobiliser et réintégrer les groupes armés».