«La décision de la commission d'expertise n'est pas dénuée d'arrière-pensées» Les élus de l'APW de Béjaïa ont décidé de suspendre leur session extraordinaire en signe de protestation contre la décision de fermeture de l'aéroport jugée «arbitraire et sans fondement». Tout en s'élevant contre toute fermeture qui interviendrait avant celle décidée conjointement avec l'administration le mois de mars passé, les élus de l'APW de Béjaïa étaient unanimes pour exiger une commission d'enquête du ministère des Transports afin de déterminer les dessous de cette affaire ce, parallèlement à leur propre commission d'expertise qui sera installée incessamment. Prévue initialement pour un débat sur différents dossiers de développement, la session a été complètement chamboulée pour être consacrée uniquement au problème de fermeture survenu à la dernière minute. Là encore, il a fallu batailler pour pouvoir convaincre le wali, qui n'a pas cessé de menacer de se retirer, d'accepter le changement de l'ordre du jour. Il aura fallu en fait que les intervenants évoquent la menace de recours à la rue pour amener le chef de l'exécutif à de meilleurs sentiments en acceptant de débattre de la décision de fermeture prise par une commission dite d'expertise des travaux dimanche passé. Ce petit cafouillage passé, les présents sont entrés directement dans le vif du sujet pour, d'emblée, s'en prendre à la commission d'expertise qui s'est déplacée deux heures avant-hier à Béjaïa. La composante a bien été décriée par tous estimant que le bureau d'études de Sétif qui l'accompagnait avait fait preuve de défaillance de par le passé, citant en exemple l'étude technique de l'aéroport de Sétif qui lui avait été retirée. Bien des voix se sont élevées pour s'interroger sur le pourquoi de cette visite. Qui l'a commandée? Et à quelles fins obéit-elle? Les élus suspectent une volonté de faire de Béjaïa une seconde zone. D'autres iront jusqu'à suspecter une volonté de favoriser l'aéroport de Sétif qui vient tout juste d'ouvrir et dont le rendement est faible. Tous restent unanimes que «la décision de la commission d'expertise n'est pas dénuée d'arrière-pensées». «Qui d'autre qu'un pilote peut décider du danger que représente la piste?» déclare un élu, or, constate-t-il, «lors de notre déplacement hier sur le site, aucune réclamation de pilotes n'a été enregistrée», même le directeur de l'Egse n'a pas trouvé à redire, soutient-on encore. Du coup le problème est vite politisé. «La décision est politique. Elle est prise par un responsable partisan», s'écrie un élu avant d'ajouter qu'«il n'est pas question de fermer l'aéroport, nous avons saisi le chef du gouvernement». Tous se sont montrés convaincus de la gestion partisane du dossier par le ministre des Travaux publics avec la complicité locale désignée en la personne de Mme la directrice des TP de la wilaya ; son départ sera d'ailleurs exigé lors du point de presse animé par les chefs du groupe parlementaire. «Il n'est pas question que la Kabylie subisse la cacophonie gouvernementale», s'empresse-t-on de conclure. Le wali rétorquera que «ce n'est pas au ministre des Travaux publics de fermer, la décision revient au ministre des Transports, autrement j'aurais fermé depuis hier.» Il précisera que «jusqu'à présent il n'y a rien», avant d'informer du déplacement dimanche prochain d'une commission du ministre des Transports. Il n'omettra pas de mettre les élus devant leurs responsabilités en cas d'accident, mais toujours est-il que pour le wali de Béjaïa «le problème les dépasse de loin, s'il faut fermer nous fermerons». En attendant, l'aéroport ne fermera pas ses portes. Les élus promettent d'être vigilants. D'ores et déjà, outre leur propre commission d'expertise, ils demanderont à être reçus par les membres de la délégation qui arrivera à Béjaïa dimanche. Le dossier n'est pas près d'être fermé.