Sept cents personnes sont atteintes du sida, a indiqué le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, M.Bouabdallah Ghlamallah, dont près de 70% sont des hommes. 9% de nouveaux cas ont été enregistrés en 2005 et 100 personnes porteuses du virus sont répertoriées chaque année. Ce qui donne une progression de près de 15% par an. La pandémie gagne du terrain en Algérie de manière inexorable. En l'absence d'une pratique de dépistage systématique de la maladie, liée au sujet tabou de la sexualité, mais aussi aux causes de propagation du virus, il sera difficile d'établir un diagnostic réel de la situation. L'absence de statistiques fiables empêche également de parvenir à une véritable évaluation de ce fléau. M.Ghlamallah a insisté sur le rôle éminemment important des imams en matière d'orientation et de prévention du sida par l'utilisation de moyens scientifiques. Un tabou vient d'être brisé. Originellement cantonnée dans le domaine du strictement religieux, la mosquée s'investit d'une fonction sociale. Le rôle de socialisation que peuvent et doivent assumer les lieux de culte et leurs potentialités à le mener à bien ne font aucun doute. Cette première du genre, comme l'a souligné le ministre, s'inscrit dans le cadre d'un programme ambitieux, qui est en fait un programme pilote, puisque dans un premier temps, il est destiné à 50 imams et 10 mourchidate de 15 wilayas qui seront chargés, à leur tour, de former d'autres imams à travers le territoire national sur les moyens de lutte et de prévention contre la pandémie. Le rôle qu'aura à jouer la mosquée à travers les imams et les mourchidate englobera les instituts, les universités, les établissements éducatifs et les cités universitaires à grande concentration de jeunes, a ajouté le ministre. Briser le mur du silence est le titre du film qui a été projeté lors de cette rencontre. Différents aspects inhérents à la maladie et aux méthodes thérapeutiques et préventives ont été abordés. Trois ateliers de travail ont vu le jour pour parvenir à une stratégie complémentaire d'appui de l'action entre la médecine et la charia en matière de prévention contre le sida. Faire cohabiter la science et la religion en transgressant «l'interdit». Le moyen le plus efficace de prévention contre la maladie demeure le préservatif ou alors l'abstinence. Pour faire face au phénomène du sida, l'Algérie possède six centres spécialisés dans le traitement de cette maladie: Alger, Oran, Constantine, Annaba, Sétif, Tamanrasset. Un nombre insuffisant pour faire face à ce fléau. A Annaba, il a été recensé quelque 70 cas de sidéens en phase finale, par l'Association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (Aniss), dont la majorité sont des femmes. A Oran, on a annoncé plus d'une centaine de cas dont l'âge se situe entre 20 et 50 ans. Une trentaine de cas ont été enregistrés chez les enfants âgés de moins de 14 ans. La tranche d'âge entre 20 et 50 ans est la plus touchée chez la population masculine et le rapport de 1/4 serait en leur défaveur, mais aucune tranche d'âge ne semble épargnée. L'augmentation du risque de transmission est due surtout à la consommation de drogues dures avec l'emploi de seringues utilisées collectivement ainsi qu'à une sexualité non protégée. En réalité, l'Algérie n'échappe pas aux risques de contamination classique que l'on retrouve dans les pays développés ; infections sexuellement transmissibles, prostitution, homosexualité et un environnement favorisant les situations et comportement à risques. Les chiffres officiels des malades atteints du sida en Algérie sont cependant relativement moins alarmants que ceux de l'ensemble du continent africain, rongé par la misère et les conflits armés.