Offensif et direct, M.Brahimi n'a pas mâché ses mots vis-à vis des Américains. L'ancien conseiller de Kofi Annan, Lakhdar Brahimi, a affirmé que le soutien accordé par les Américains aux bombardements israéliens contre le Liban renforcera la haine des pays musulmans et arabes contre les Etats-Unis. «Le monde leur (les USA Ndlr) a manifesté sa sympathie le 11 septembre 2001. Mais quand ils disent qu'ils soutiennent Israël en Palestine et au Liban, cela pose problème» a averti l'ex-ministre algérien des Affaires étrangères. «Ils doivent méditer cette réalité. Leur soutien inconditionnel à Israël va renforcer leurs ennemis», a-t-il ajouté à partir de la wilaya de Boumerdès où il a assisté en compagnie du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, à l'ouverture d'un séminaire sur «la bonne gouvernance et le développement durable». Monsieur paix à l'ONU, qui s'exprimait dans un entretien qu'il a accordé au quotidien El Watan, a mis en garde contre les dangereuses «contre-indications» que représente la politique adoptée par les Américains dans cette guerre destructive menée contre le Liban. «Ceux-ci croient et ils disent qu'ils mènent la guerre contre le terrorisme. Mais je crains que cela ne produise l'effet inverse» a encore déclaré M.Brahimi qui a soutenu, dans le même entretien, que «le processus de paix dans sa forme ancienne a été tué par Israël et par l'attitude des Etats-Unis». Les graves dérapages qui ont accompagné les comportements des soldats américains en Afghanistan, en Irak et au bagne de Guantanamo a engendré, chez certains pays arabes et musulmans, une rancune tenace contre les Américains. Offensif et direct, l'ancien chef de la diplomatie algérienne ne mâche pas ses mots face au spectacle que livre au monde et à l'Europe la superpuissance américaine. «Les Etats-Unis et l'Europe n'ont plus le droit de parler de droits de l'Homme et de démocratie. Une grande puissance qui dit qu'il faut faire tomber un gouvernement élu et laisser détruire un pays, s'est disqualifiée.» Ayant compris la haine que lui vouent la majorité des pays musulmans, notamment suite aux attentats du 11 septembre 2001, l'administration américaine a déboursé des millions de dollars pour redorer son blason auprès de ces pays. Des chaînes de télévision spécialement destinées au monde arabe ont été créées, des programmes d'aide au développement ont été annoncés et des voyages de découverte du Nouveau Monde ont été organisés. L'échec guette cette démarche avec la récidive US au Liban. «C'est le droit de la force contre la force du droit. Kofi Annan a eu une formule polie en disant que les pays qui ont l'Etat de droit chez eux devraient accepter sur le plan international la force du droit et que ceux qui appellent à la démocratisation des relations internationales devraient appliquer chez eux l'Etat de droit», a conclu Lakhdar Brahimi. L'Amérique a toujours été considérée, par la majorité des pays, avec envie et mépris. Elle l'est davantage encore depuis qu'elle est devenue, au XXe siècle, le gendarme du monde à la suite de l'effondrement des empires communistes. Cette diabolisation a poussé certains courants islamistes jusqu'à l'hyper terrorisme religieux qui a violemment frappé en 2001. Sans aller jusqu'à ces extrêmes, d'autres pays partagent encore les sentiments de l'antiaméricanisme qui s'apparente à un phénomène politico-culturel.